« La réquisition ? C’est une menace, mais personne ne va me forcer à faire quoi que ce soit s’ils me disent de sortir mon camion du dépôt », prévient Nordine Boukhetla, chauffeur benne au garage Ivry-sur-Seine-Victor Hugo, qui gère notamment la collecte des déchets dans le 14e arrondissement de Paris.
Alors que la grève contre la réforme des retraites des éboueurs de la mairie de Paris, qui gère la collecte des déchets dans la moitié des arrondissements, a été reconduite au moins jusqu’au 20 mars, et que le blocage des incinérateurs et garages bennes se poursuit De manière coordonnée, Gérald Darmanin a choisi de passer à l’offensive face aux 7 600 tonnes de déchets qui s’accumulent désormais dans les rues de la capitale. Mardi 15 mars, neuvième jour de grève, le ministre de l’Intérieur a chargé le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, de demander à la mairie de “réquisitionner” façons de nettoyer les rues.
Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Ville de Paris, avait pourtant affirmé que la réquisition n’est pas « Pas sous la juridiction de la ville, mais de l’État. Qu’il assume ses responsabilités ». Dans un courrier, la préfecture de police répond que selon le code général des collectivités territoriales, “la mairie tient la police de sécurité sur la voie publique”. Il est donc “de sa compétence pour requérir une société privée ou pour réquisitionner les agents”, ajoute la préfecture qui dit pouvoir ” dans un deuxième temps ” aviser la Ville de le faire. Si cette procédure “reste en vain, le préfet de police peut se remplacer” Au maire« en cas d’urgence lorsque l’atteinte constatée ou prévisible à l’ordre public, à la santé et à la sécurité publique l’exige ».
Gouvernement et Ville de Paris se livrent donc à une sorte de ping-pong juridique, pimenté par l’exaspération de Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, mercredi matin, sur RMC : « Comment réquisitionnez-vous les gens ? Les cherchez-vous un par un ? »
Dans le garage benne d’Ivry, où les chauffeurs sont encore soutenus par de nombreux élus, professeurs ou étudiants, pas question de reprendre le travail si la loi sur les retraites passe, et encore moins d’être réquisitionnés. Pêle-mêle, les grévistes citent des heures épuisantes, des douleurs récurrentes après 50 ans, rappellent le décès de cinq collègues depuis août, dont quatre à quelques mois ou années de la retraite.
“Poussière, bruit, mal de dos”
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