jea démission de Bernard Laporte, vendredi 27 janvier, de la présidence de la Fédération française de rugby (FFR) semble clore un feuilleton à rebondissements, qui, au-delà de la personne de son président, a ébranlé la fédération. Le football n’est pas en reste, livrant chaque semaine son lot de “révélations” qui sont autant de rafales rendant un dénouement similaire inexorable.
Cependant, un constat plus large s’impose : la gouvernance des organisations sportives doit évoluer. Bien sûr, il ne faut pas généraliser : toutes les fédérations sportives ne traversent pas des crises de gouvernance. Bien sûr aussi, les comportements en cause ne sont spécifiques ni à la France ni au monde du sport. Mais le “défaut de représentation” dénoncé par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, appelle des réponses d’une portée plus large que celles bricolées dans l’urgence pour la gouvernance du ballon ovale et celle du ballon rond.
Faut-il changer le code du sport ? Le cadre juridique français est déjà solide, sinon dense. A vrai dire, rares sont les pays où le législateur intervient autant et aussi souvent pour surveiller le fonctionnement des fédérations nationales. La dernière loi, celle du 2 mars 2022 “visant à démocratiser le sport en France”, a déjà prévu une limite de trois mandats pour les présidents de fédération, ainsi que la parité dans les instances dirigeantes. L’ajout d’une limite d’âge (fixée par exemple à 65 ans pour le premier mandat) pourrait être une amélioration à envisager.
“Retrait”
Des affaires récentes ont également montré que la solution du « retrait », dont Bernard Laporte bénéficiait et Noël Le Graët bénéficie encore à titre transitoire, devait être précisée et encadrée. Si ce mécanisme ad hoc permet de préserver le caractère suspensif du recours ainsi que la présomption d’innocence, il fait entrer la fédération dans une zone grise, sous l’ombre tutélaire d’un président absent (ou supposé être) mais occupant toujours la fonction.
La démission devrait être une option incontournable, surtout quand, au-delà de la personne concernée, c’est la réputation de la fédération et de son sport qui est atteinte. Car la bonne gouvernance passe aussi, et même avant tout, par des comportements personnels. Si la loi ne le prévoit pas, l’éthique l’impose.
Il faut continuer à changer les mentalités et diffuser une culture de l’éthique dans le monde du sport, y compris l’éthique de base pour les dirigeants, leur responsabilité, la transparence, l’absence de toute forme d’abus ou de harcèlement, mais aussi la conscience des conflits d’intérêts, qu’il faut prévenir et, lorsqu’ils surviennent, correctement traités. Dans ce domaine, la marge de progression est encore considérable.
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