Le festival Séries Mania, du 17 au 24 février à Lille, est l’occasion pour les spectateurs de découvrir des fictions venues d’ailleurs… Et pour ces fictions de trouver, peut-être, de nouveaux diffuseurs.
“Voie Lactée”
Il fallait sans doute un prix cannois, et l’impulsion qu’il peut donner à son récipiendaire, pour pousser une série grecque hors des frontières du pays. Vasilis Kekatos, lauréat de la Palme d’Or du court métrage et de la Queer Palm à Cannes en 2019 pour son film La distance entre le ciel et nousfilms en voie Lactéesélectionné en compétition internationale à Séries Mania, les hésitations de Maria, une lycéenne enceinte de son ainé. Située dans une province reculée du pays, imprégnée de religion et inspirée de la Céphalonie natale de Vasilis Kekatos, la mini-série dépeint le parcours intime de la jeune fille, qui aspirait à devenir danseuse mais se retrouve à choisir entre un avortement stigmatisant et le mariage. avec un homme sans avenir, et surtout qu’elle n’aime plus. Tour à tour ultra-réaliste et poétique, voie Lactée s’empare sans trembler de sujets peu traités à la télévision grecque comme l’orientation sexuelle, le désir adolescent et le droit pour une femme d’avoir son corps.
Projection samedi 18 mars à 16h et lundi 20 mars à 13h15 au Nouveau Siècle.
“L’acteur”
Première série iranienne à être présentée en compétition internationale à Series Mania, L’acteur a pour héros deux acteurs de théâtre idéalistes et plutôt doués qui sont obligés, pour gagner leur vie, de se compromettre dans des spectacles bas de gamme, comme l’organisation d’un faux braquage dans le désert – qui servira de cadre à une demande en mariage – ou la mise en scène d’un faux meurtre destiné à pimenter une soirée étudiante. Sur un rythme particulièrement nonchalant – L’acteur compte 26 épisodes de 52 minutes, ce qui en fait une rareté – la série, créée par le cinéaste Nima Javidi, narre les aventures un peu pathétiques de ces deux hommes maladroits, empêtrés dans des stratagèmes qui vont bientôt les dépasser. Au-delà du portrait cinglant d’une société où l’art et le rire sont des armes de résistance contre la sauvagerie, L’acteur met en lumière le travail de deux charmants comédiens, Ahmad Mehranfat et Navid Mohammadzadeh, vus entre autres dans Loi de Téhéran.
Dimanche 19 mars à 10h30 à l’UGC Ciné-Cité.
« Barzakh »
Présenté dans le cadre du Panorama international, Barzakh vient du Pakistan, mais son producteur est indien. Ce pied de nez à la fatalité historique n’est que la moindre singularité de cette série écrite et réalisée par Asim Abbasi. La beauté écrasante des montagnes du nord du pays (Barzakh a été tourné dans la vallée de Hunza) enveloppe l’enchevêtrement des souvenirs et des regrets d’un vieil homme qui a convoqué ses enfants pour une cérémonie qui peut être aussi bien nuptiale qu’enterrement. La douce étrangeté des situations, le flou des frontières entre réalité et folie évoquent à la fois Le Roi Lear ce Cent ans de solitude. Au vu de ses premiers épisodes, la série apparaît non seulement d’une ambition folle mais encore capable de la satisfaire. Après l’OVNI terre de joie de Saim Sadiq découvert au cinéma, Barzakh révèle une autre facette de l’imaginaire pakistanais, chamanique et tellurique.
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