Le poids politique de Porsche et de Ferrari est bien supérieur à leur part de marché en Europe. En amenant les gouvernements allemand et italien à refuser, à la surprise générale, de ratifier l’accord final sur l’interdiction des moteurs thermiques d’ici 2035, ces deux firmes élitistes ont contribué à déstabiliser un processus qui implique toute l’industrie automobile européenne. Une situation loin d’être appréciée par la plupart des autres constructeurs.
Oliver Blume, président du groupe Volkswagen et numéro un de Porsche, assure que les carburants de synthèse, critiqués pour la forte consommation d’énergie nécessaire à leur développement et leur coût de production, doivent permettre de sauver les moteurs thermiques du bannissement. “Il n’y a pas de conflit entre l’augmentation de la mobilité électrique pour l’avenir et l’utilisation de carburants de synthèse, a-t-il assuré, mardi 14 mars. Dans le cadre d’une démarche globale de décarbonation, nous avons besoin de solutions pour les moteurs thermiques existants sur les routes. »
En contestant ouvertement un programme européen de décarbonation des transports qui conduit mécaniquement au tout électrique, le patron du groupe Volkswagen sait qu’il peut jouer sur les dissensions au sein de la coalition berlinoise. Celles-ci ont conduit Volker Wissing, ministre (libéral-démocrate) des Transports, à jouer la carte de la défense de la voiture à moteur thermique, vache sacrée outre-Rhin.
Mutisme
Oliver Blume dit à haute voix ce que certains constructeurs pensaient tranquillement. Outre Ferrari, les japonais Mazda et Toyota – trois marques peu avancées sur le passage à l’électrique – privilégient le « e-fuel » comme solution pour « verdir » le moteur à combustion interne, qui émettra cependant toujours du CO2 et les oxydes d’azote, notamment.
Les autres groupes allemands ne sont pas sur la même longueur d’onde, ce qui explique leur silence. La position de BMW est mitigée. Le constructeur bavarois a investi 12,5 millions d’euros dans la start-up Prometheus Fuels spécialisée dans les carburants de synthèse, mais n’est pas intervenu pour rejoindre les supporters d’un changement de paradigme.
Plus réticente encore, Mercedes, qui s’est lancée à grands frais dans la stratégie du tout électrique, n’entend pas dévier de cette trajectoire. Nissan, la seule firme japonaise à avoir longtemps misé sur les véhicules à batterie, ne s’intéresse plus aux carburants synthétiques.
Considérations tactiques
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