Nous avons eu un meilleur baptême du feu. Pour sa première compétition à la tête de l’équipe de France féminine de basket, Jean-Aimé Toupane n’est guère léché. Le successeur de Valérie Garnier, qui a quitté Les Bleues suite à la médaille de bronze aux JO de Tokyo, aborde la Coupe du monde 2022 avec peu de certitudes. Placés dans un groupe solide – Australie, Canada, Japon, Serbie et Mali -, les Français ont appris, à deux jours de leur entrée en lice face aux hôtes australiens, jeudi 22 septembre (12h30, heure française) le forfait de leur meilleure buteuse, Marine Johannès, blessée et indisponible “pour une durée d’au moins dix jours”.
“On a appris la nouvelle tardivement, c’est un coup de plus”a reconnu le coach tricolore, interrogé par L’équipe. Privé de son “meilleure arme offensive” à la dernière minute, Toupane espère que ce forfait « va donner du caractère » à son équipe pour la Coupe du monde. « Il faut que ce soit un vrai levier de motivation. Nous ne la remplacerons pas. Nous jouerons pour elle, et pour les autres. »
Car la “French MJ” – qui partage ses initiales avec Michael Jordan – n’est pas la seule absente. Son forfait s’ajoute à une cascade de joueurs indisponibles, aux CV plus fournis les uns que les autres : Sandrine Gruda, Endy Miyem, Valériane Vukosavljevic, Olivia Epoupa, Alix Duchet. “Moi aussi je suis blessé, donc je ne pourrai pas venir”, plaisantait la sélectionneuse de l’équipe de France, Céline Dumerc, début août. Pas si absurde que ça, puisque, à 40 ans, l’ancien fer de lance des “Braqueuses”, médaillées d’argent aux JO de Londres (2012), n’a toujours pas raccroché les baskets, et évolue toujours au Basket Landes. Mais, à deux ans des Jeux de Paris, l’équipe de France se lance dans un rajeunissement – plus ou moins forcé.
“On va découvrir la force de ce groupe”
“Jusqu’ici on intégrait les jeunes deux par deux, mais il y a beaucoup d’absents ici”, expliquait Sandrine Gruda au début de la préparation. Nommé capitaine de la campagne australienne, le meilleur buteur de l’histoire des Bleues aspirait à découvrir “ce groupe très renouvelé”. Au lieu de cela, la future joueuse de Lyon-Asvel a ajouté son nom à la liste des absents à la Coupe du monde pour cause de blessure. Et laisse les clés de l’équipe à la jeune garde.
“Il faut faire confiance à ces joueurs qu’on voit émerger, et qui ont déjà des expériences communes dans les catégories les plus jeunes”, avait prévenu Jean-Aimé Toupane au début de la préparation. Comme Marine Fauthoux et Iliana Rupert. Estampillées “Paris 2024”, et avec les Bleues depuis leur majorité, les deux amies d’enfance – toutes deux filles d’anciens joueurs professionnels – ont pris de l’importance en équipe de France. Tout juste sacrée championne WNBA (la ligue nord-américaine de basket), après avoir remporté le championnat de France et la Coupe d’Europe avec Bourges cette saison, Rupert a rejoint ses partenaires en début de semaine, et ne s’en cache pas “devenir accro à la victoire”.
« Le plus important, c’est de savoir comment on va sortir de tout ça. Nous allons découvrir la force de ce groupea insisté Alexia Chartereau, en L’équipeaprès l’annonce de l’absence de Marine Johannes. On verra si on est une vraie équipe ou pas. Quand tout est lisse et facile, ce n’est pas amusant. » Désormais vice-capitaine des Bleues, la joueuse de Lyon-Asvel a prévenu, mi-août, de la nécessaire ambition de son équipe. « L’équipe de France se renouvelle chaque année, mais les objectifs restent toujours élevés. Il est important de parler de renouvellement, mais il est encore plus important d’atteindre nos objectifs. »
Abonnés aux médailles d’argent en Europe – ils en ont remporté cinq de suite ces dix dernières années -, les Bleus avaient décroché le bronze à Tokyo, au terme d’une campagne couronnée de succès. Désormais emmenée par Jean-Aimé Toupane, qui forme un duo avec l’ancienne internationale Cathy Melain, la Française reste ambitieuse.
Les Jeux de Paris en vue
“Je pense que nous n’avons rien à envier aux autres nations, physiquement, techniquement et “basket” parlanta insisté la pivot Ana Tadic. Nous savons à quel niveau nous pouvons être. On va pousser au maximum et on verra pas à pas où on en est. » Si ces bleus nouveau look “manque d’expérience collective”la Down Under World Cup pourrait créer “une symbiose, une alchimie”espère le joueur de Tarbes.
L’an prochain, cela fera cinquante ans que la France n’est pas montée sur le podium mondial chez les dames. Si l’Euro et les JO sont un succès pour cette équipe, la Coupe du monde reste un écueil sur lequel elle se heurte presque invariablement. En 2018, les coéquipières de Marine Johannès sont arrivées pleines d’ambition à Tenerife, avant de s’incliner en quart de finale, battues par la Belgique. De quoi dépressuriser le groupe tricolore. « Nous n’avons jamais eu de résultat extraordinaire en Coupe du monde, alors pourquoi se fixer un objectif précis cette année ? Restons à notre place », a défendu Céline Dumerc en août. Pour “Caps”, qui reste proche du groupe, comme son homologue masculin, Boris Diaw, “le but est de travailler sereinement pour donner une nouvelle identité à cette équipe de France”.
A deux ans des JO de Paris 2024, l’équipe de France veut accumuler de l’expérience lors de cette Coupe du monde australienne. “On garde cette petite lumière des Jeux de Paris dans un coin de la tête, parce qu’on n’oublie pas que c’est chez nous, reconnaît Jean-Aimé Toupane. Mais une chose à la fois. La meilleure façon de préparer Paris 2024, ce sont les échéances immédiates. C’est ce qui nous donnera de l’expérience et de la confiance. » Dès jeudi, ses jeunes Bleues débutent par un “grosse épreuve” contre les Australian Opals, à domicile, et leur légende, Lauren Jackson (41 ans), sortie de sa retraite pour la compétition.