jee contraste est saisissant. Des foules d’anonymes défilent dans les rues pour protester contre le projet de les faire travailler plus longtemps. Dans le même temps, l’élite des multinationales françaises célèbre l’une des plus belles années de son histoire. Une grosse différence à l’image de ce CAC 40, dont les plus beaux joyaux – LVMH, Kering ou Hermès – inondent la planète de parfums luxueux, de bijoux précieux et de sacs inabordables, quand l’inflation pousse les plus modestes à compter les paquets de pâtes au supermarché. . La haute couture s’affiche, tandis que les petits pulls de Camaïeu ou les chaussures de San Marina ne trouvent plus clientèle. Spectacle insupportable, qui ne fait qu’alimenter l’incompréhension et attiser la colère.
Faut-il donc brûler le CAC 40 ? Nous pouvons en tout cas instruire son procès. Autrement dit, la France serait-elle plus prospère sans ses très grandes entreprises ? La fortune de ces entreprises se constitue essentiellement à l’étranger. Pour beaucoup, notamment ceux qui sont en tête du classement, la France ne représente qu’une minorité de leur chiffre d’affaires et de leur effectif. En cela, ils contribuent au rayonnement de la France et de sa balance des paiements par le rapatriement des dividendes.
Ils sont aussi indispensables pour irriguer le tissu entrepreneurial tricolore. Dans le seul secteur du luxe, qui représente un tiers de la valorisation du CAC 40, près de 20.000 postes sont à pourvoir en France, selon la profession. Leur bonne santé n’est pas pour rien dans un taux de chômage au plus bas depuis près de quarante ans (hors année 2008) et des créations d’entreprises au plus haut. En enrichissant leur actionnariat, ces grands groupes leur permettent d’investir dans des entreprises plus jeunes. En 2022, les jeunes entreprises en croissance ont pu récupérer 13 milliards d’euros auprès des investisseurs, du jamais vu.
Optimisation fiscale
Les champions français de la notation jouent un rôle essentiel dans la santé du tissu économique du pays. Mais il y a aussi le côté sombre de l’histoire. Derrière ce paravent qui sent bon le parfum enivrant et la soie fine se cachent d’autres réalités. Au nom de la compétitivité, ils portent une responsabilité écrasante dans les délocalisations qui ont désindustrialisé la France ces trente dernières années.
Les constructeurs automobiles en sont la parfaite illustration : en allant vers l’est et le sud de l’Europe, ils ont désintégré le tissu français. Résultat : l’emploi ne progresse plus en France, mais à l’étranger. Ils déploient également un certain talent pour l’évasion fiscale par l’optimisation fiscale. Leur taux d’imposition est bien inférieur à celui des PME locales. Enfin, leur pouvoir alimente leur influence tant économique que politique au service de leurs intérêts.
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