Farah Nosh/Getty Images
Photo illustrative d’une opération pétrolière à Kenai, Alaska, États-Unis, le 27 septembre 2008.
ETATS-UNIS – Une véritable catastrophe selon les écologistes. Le président américain Joe Biden a approuvé lundi 13 mars un projet pétrolier majeur en Alaska, le projet Willow du géant américain ConocoPhillips. Une décision qui a déclenché la colère des ONG, qui avaient lancé une vaste campagne pour alerter sur ses conséquences néfastes pour le climat et déplorer une véritable “bombe de carbone”.
Le projet a été réduit à trois zones de forage contre les cinq initialement demandées par l’entreprise, a toutefois fait valoir le ministère de l’Intérieur, en charge des terres fédérales aux Etats-Unis. Le développement pétrolier sera situé dans une zone appelée la réserve nationale de pétrole dans le nord-ouest de l’Alaska. Il s’agit de terres d’État américaines, car le président démocrate Joe Biden est arrivé au pouvoir en promettant de ne pas autoriser de nouveaux forages pétroliers et gaziers sur des terres fédérales.
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Le projet approuvé produira 576 millions de barils de pétrole sur environ 30 ans, selon le document du ministère. Au total, il entraînera l’émission indirecte de l’équivalent de 239 millions de tonnes de CO2. Cela représente l’équivalent des émissions de 64 centrales électriques au charbon pendant un an, selon un outil de calcul de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Pour donner un ordre de grandeur : les États-Unis ont émis en 2020 l’équivalent de 5,9 milliards de tonnes de CO2, selon l’EPA.
« Des effets dévastateurs sur le climat »
Soucieux dans le même temps de donner des gages aux défenseurs de l’environnement, le gouvernement américain a annoncé qu’il travaillait sur des protections supplémentaires pour une vaste zone de la réserve nationale de pétrole. Il a également annoncé vouloir interdire définitivement les forages sur une grande partie de l’océan Arctique, en bordure de cette réserve. Les défenseurs du projet Willow y voient une source d’emplois, et une contribution à l’indépendance énergétique des Etats-Unis.
ConocoPhillips, qui a acquis les concessions à la fin des années 1990, a salué la décision du gouvernement et s’est dit prêt à “démarrer immédiatement les activités de construction de routes”. La ferme sera construite avec “Matériaux principalement fabriqués et achetés aux États-Unis, et a le potentiel de créer plus de 2 500 emplois dans la construction et environ 300 emplois à long terme”a ajouté la société.
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Mais les associations écologistes dénoncent une catastrophe pour le climat. “Willow va être l’une des plus grandes opérations pétrolières et gazières sur les terres publiques fédérales du pays”a réagi lundi l’organisation écologiste Sierra Club. « La pollution par le carbone qu’il libérera dans l’air aura des effets dévastateurs sur notre peuple, la faune et le climat. Nous en subirons les conséquences pendant des décennies. »
“Le projet Willow deviendrait le plus grand projet d’extraction de pétrole sur des terres fédérales aux États-Unis”soulignait pour sa part Greenpeace en fin de semaine dernière, le qualifiant de “bombe de carbone”. “Nous ne pouvons pas nous le permettre, en tant que planète”a frappé l’organisation Earthjustice.
Les élus d’Alaska saluent le projet
Depuis des jours, une vague de vidéos s’opposant au projet déferlait sur le réseau social TikTok, et une pétition en ligne avait recueilli plus de 3,2 millions de signatures.
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Au contraire, les élus alaskiens du Congrès des États-Unis ont salué la nouvelle. “Vous pouvez presque littéralement sentir l’avenir de l’Alaska s’éclaircir”a déclaré la sénatrice républicaine Lisa Murkowski dans un communiqué. “Nous sommes maintenant sur le point de créer des milliers de nouveaux emplois et de générer des milliards de dollars de nouveaux revenus”elle a ajouté.
La bataille autour du projet Willow dure depuis des années. Il a été initialement approuvé par l’administration Trump, avant d’être temporairement interrompu en 2021 par un juge, qui l’a renvoyé pour un examen plus approfondi par le gouvernement. Début février, le Land Management Office avait publié son analyse environnementale du projet, dans laquelle il avait détaillé une “alternative préférée” avec trois sites de forage.
Biden’ fait dérailler ses propres engagements »
Cette solution permet notamment de réduire l’impact sur la migration des caribous, a fait valoir le ministère. Et pour mieux avancer vers les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre de Joe Biden, a-t-il assuré.
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Le président démocrate a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre des États-Unis de 50 à 52 % d’ici 2030, par rapport à 2005. Un objectif pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, pour permettre à la première économie mondiale d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Dans un communiqué, la présidente de l’organisation Earthjustice, Abigail Dillen, a pointé une apparente contradiction : “Nous savons que le président Biden comprend la menace climatique existentielle, mais il approuve un plan qui fait dérailler ses propres engagements climatiques”.
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