Brest ne cède pas aux sirènes de la police municipale

A Brest, le souvenir d’Héléna Cluyou est encore dans toutes les têtes. La jeune fille de 20 ans qui poursuivait sa troisième année d’études d’infirmière a disparu dans la nuit du 28 au 29 janvier alors qu’elle revenait d’une boîte de nuit du port de commerce. Son corps carbonisé a été retrouvé le 9 février sur la presqu’île de Crozon. Le principal suspect s’est suicidé peu de temps après cette découverte. Six mille personnes, selon la police, ont participé à une marche blanche à la mémoire d’Héléna Cluyou le 18 février, suivant son parcours depuis la discothèque, où elle a été vue vivante pour la dernière fois, jusqu’au quartier de la Recouvrance, où une caméra de vidéosurveillance a capté son dernier image.

Au restaurant La Base, qui jouxte la discothèque et où travaillait le principal suspect, l’équipe se redresse peu à peu : “Brest n’est pas une ville sûre, surtout pour les femmes, mais c’est comme ça dans toutes les grandes villes malheureusement”, déposer un employé.

Après le choc, certaines voix ont profité de l’événement tragique pour remettre sur la table l’absence de la police municipale. « Si Brest est une commune de police étatique, cela ne la dispense pas de sa pleine compétence en matière de prévention de la délinquance. Nous devons avoir les moyens humains et techniques pour l’exercer », fustige le groupe d’opposition droite et centre Brest c’est toi ! dans le bulletin municipal de février en réaction à la disparition d’Héléna Cluyou. La ville est la dernière métropole française de plus de 100 000 habitants à ne pas avoir cédé aux sirènes de la police municipale. Même Paris – Anne Hidalgo s’y est longtemps opposée – en a adopté un en 2021.

« Les élus locaux partagent le sentiment que les problèmes de tranquillité, de vie quotidienne ne sont pas ou plus pris en charge par la police nationale. Il y a une pression d’une partie de la population et des services de l’État exigeant une production partagée de la sécurité », explique Virginie Malochet, sociologue, spécialiste des questions de sécurité locale, auteur d’un livre sur la police municipale (PUF, 2007).

Un transfert de compétences en question

Le maire socialiste de Brest, François Cuillandre, n’en fait pas partie. Depuis son bureau dans l’imposante mairie, le premier conseiller municipal – le “Le dernier des Mohicans”, il rit – explique : « La sécurité est une compétence souveraine. C’est à l’Etat de l’assurer partout en France. » Et de regretter les effets pervers qu’aurait provoqués ce transfert de responsabilité aux communes. “Vous remontez dix ans en arrière, on disait : ‘Que fait la police ? Aujourd’hui, c’est : ‘Que fait le maire ?’ Je trouve ça choquant.” peste l’édile en poste depuis 2001, déplorant “opportunisme malsain” de ses adversaires.

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