Brexit : quel est le protocole sur l’Irlande du Nord ?

Deux ans après le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), Londres et Bruxelles ont convenu de mettre fin à leurs différends sur les contrôles des marchandises post-Brexit en Irlande du Nord. Après plus d’un an de négociations marquées par des bouleversements et des tensions, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sont parvenus, lundi 27 février, à “l’accord de Windsor” sur cette question, au cœur d’une grande tension.

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Une première version intégrée au Brexit

Communément appelé “Protocole sur l’Irlande du Nord”, le protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord a été signé en même temps que l’accord sur le Brexit le 24 janvier 2020. Pour l’Union européenne, ces deux traités ont été signés par le président du Conseil européen, Charles Michel, et le président de l’Union européenne Commission, Ursula von der Leyen. Pour le Royaume-Uni, il a été signé par Boris Johnson, alors Premier ministre. Le protocole est entré en vigueur le 1euh janvier 2021.

Le protocole est censé tenir compte de la situation particulière de l’île d’Irlande : il a été convenu entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (Royaume-Uni) et l’Union européenne une solution stable destinée à protéger l’économie de l’ensemble l’île ainsi que l’accord du Vendredi saint (ou accord de Belfast) dans toutes ses composantes, et de préserver l’intégrité du marché unique de l’UE.

L’Irlande du Nord, qui continue de faire partie du territoire douanier du Royaume-Uni, est soumise à un ensemble de règles de l’UE relatives au marché unique des marchandises et à l’union douanière. Cependant, le protocole pose un problème pratique : il introduit un système de vérifications et de contrôles aux points d’entrée des marchandises arrivant en Irlande du Nord en provenance du reste du Royaume-Uni ou de tout autre pays tiers. Ces marchandises sont soumises aux droits de douane de l’UE, sauf s’il n’y a aucun risque qu’elles entrent dans l’UE.

Ce système garantit néanmoins l’absence de vérifications et de contrôles entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, évitant ainsi l’établissement d’une frontière physique et assurant la libre circulation des marchandises dans le cadre des règles de l’union douanière de l’UE.

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Volonté de simplifier les règles douanières

Cependant, le protocole n’a jamais été pleinement mis en œuvre, car des “périodes de grâce” sur les contrôles ont été introduites et prolongées pour des produits tels que la viande non congelée et les médicaments. Certaines entreprises ont dénoncé des formalités excessives, notamment dans le domaine des produits pharmaceutiques, comme l’a relevé la Chambre des Lords.

Dans un document publié à l’été 2022, Londres proposait de faciliter la circulation des marchandises en les divisant en deux catégories : celles à destination de l’Irlande du Nord iraient vers une “voie verte” (voie verte) et ne serait pas contrôlée ; une “ligne rouge” (voie rouge) serait limité aux produits destinés à l’Irlande et au reste de l’UE. Ces produits seraient soumis à des vérifications et contrôles douaniers complets. Bruxelles a néanmoins pris des mesures pour répondre aux difficultés rencontrées, notamment pour les médicaments.

L’accord de Windsor du 27 février vise à réduire drastiquement les contrôles douaniers nécessaires sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne arrivant en Irlande du Nord. Il doit également, s’il est approuvé par les parlementaires britanniques, réduire l’application des réglementations européennes dans la province britannique.

Tensions avec le DUP nord-irlandais et les conservateurs

Mais à peine entré en vigueur, le protocole avait fait naître des tensions entre l’Union européenne et Londres. Après le lancement d’une révision unilatérale du statut post-Brexit de l’Irlande du Nord, l’exécutif européen avait lancé une série de procédures contre Londres. C’est surtout devenu un problème interne à l’autorité de Rishi Sunak, face à l’opposition des extrémistes du Brexit et à celle des syndicalistes du Democratic Unionist Party (DUP), farouchement opposés à toute remise en cause de l’appartenance de l’Irlande du Nord au ROYAUME-UNI.

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L’Irlande du Nord n’a plus de gouvernement depuis février 2022. Malgré des ultimatums successifs et des avancées apparentes dans les négociations entre Londres et Bruxelles sur ce sujet, Londres n’a pas réussi à convaincre le DUP de participer à un exécutif. Après l’annonce de l’accord entre Londres et Bruxelles, le leader du DUP a annoncé qu’il “prendra le temps d’étudier les détails et d’évaluer l’accord”. Prudent, le gouvernement britannique a annoncé début février avoir reporté à janvier 2024 l’échéance pour la tenue d’élections en Irlande du Nord.

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Quelques heures avant la rencontre entre M. Sunak et M.moi von der Leyen, membre de l’aile eurosceptique du parti du Premier ministre, a averti que le Parlement ne devrait pas se précipiter pour accepter un accord. “Ignorer le Parlement finit généralement mal”a déclaré Mark François, président de l’European Research Group (European Research Group, qui regroupe des députés conservateurs eurosceptiques au Parlement), sur la chaîne Sky News. “Nous devons nous débarrasser du droit européen en Irlande du Nord”il s’est disputé.

Arrivé en octobre 2022 à Downing Street, Rishi Sunak, pourtant Brexiter de la première heure, s’est lancé, dimanche, dans le L’heure du dimancheun appel à son parti divisé, expliquant que l’accord en cours de discussion n’est pas une menace pour le Brexit mais vise à “s’assurer que le Brexit fonctionne dans toutes les régions du Royaume-Uni” : “Le travail sur le Brexit reste inachevé et je veux que le travail soit fait”il a annoncé.

Le Monde avec AFP et Reuters

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