Bruno Le Maire sur la faillite de SVB : « Je ne vois aucun risque de contagion"

Le ministre de l’Economie réagit à la plus grosse faillite depuis 2008 dans le secteur bancaire. Il se veut rassurant à l’égard des banques françaises.

La chute de la banque SVB ne met pas en péril les banques françaises. Invité de FranceInfo, Bruno Le Maire s’est voulu rassurant.

“Je ne vois aucun risque de contagion, il n’y a pas d’alerte spécifique sur le secteur bancaire français”, a déclaré le ministre de l’Economie.

La faillite de la Silicon Valley Bank aux États-Unis a fait craindre la faillite d’autres banques dans le monde. Mais pour Bruno Le Maire, le lien n’est pas si évident : “le système bancaire français est solide”, a-t-il martelé.

L’effet domino n’est pas l’hypothèse privilégiée. Mais la question centrale est celle de la confiance des épargnants dans le secteur. Pour autant, “la confiance ne se décrète pas”, souligne Nicolas Doze, éditorialiste BFM Business.

Pour les experts du secteur, la disparition en seulement deux jours de SVB ne devrait avoir que des conséquences limitées pour le secteur bancaire. Auprès de l’AFP, Stephen Innes, analyste de SPI Asset Management, se veut rassurant, estimant “faible”, dans une note, le risque “d’un incident de capital ou de liquidité chez les grandes banques”. “Le bilan de ces grandes banques n’est pas du tout le même” que celui de la SVB, a confirmé sur BFM Business Diane Neuville, analyste chez ODDO BHF.

Les problèmes rencontrés par la banque “sont très spécifiques” et ne risquent pas “d’affecter l’ensemble du secteur bancaire, encore moins les grandes banques”, abonde Ken Leon, analyste pour le cabinet CFRA.

En effet, depuis la crise financière de 2008/2009 et la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les banques ont dû donner des garanties de solidité renforcées à leurs régulateurs nationaux et européens. Par exemple, ils doivent justifier d’un niveau de capital minimum plus élevé destiné à absorber d’éventuelles pertes.

“On n’est plus dans le monde de 2008”

Pour les analystes de Morgan Stanley, “les pressions de financement auxquelles SVB est confrontée sont tout à fait uniques et ne doivent pas être considérées comme la norme pour les autres banques régionales”. “Je pense qu’on est sur quelque chose d’assez isolé. Et il ne faut pas oublier ce que sont devenues les banques centrales, entre la crise des subprimes et aujourd’hui, les instruments d’action assez massifs qu’elles ont développés, leur coordination… Nous ne sommes plus dans le monde de 2008”, indique sur BFM Business Frédéric Farah, économiste, enseignant-chercheur affilié au laboratoire Phare de la Sorbonne.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré vendredi que le secteur bancaire restait “résilient”. L’une des conseillères économiques de la Maison Blanche, Cecilia Rouse, a pour sa part souligné que le secteur était “fondamentalement différent de ce qu’il était il y a dix ans”. Pour Éric Compton de Morningstar, les déboires de SVB rappellent toutefois “qu’il peut être très difficile de prévoir” comment les risques liés aux niveaux de liquidité peuvent évoluer au cours d’un trimestre et “quand ils peuvent se matérialiser”.

Le risque de hausse des taux des banques

La perte occasionnée par la vente des titres financiers de SBV a également mis en lumière le risque que la hausse des taux d’intérêt opérée depuis un an par la banque centrale américaine pour tenter de lutter contre l’inflation, fait peser sur les banques. D’une part, les banques en profitent car cela augmente leurs revenus grâce aux intérêts sur les prêts qu’elles accordent. Mais cela augmente également les taux auxquels ils s’empruntent et affecte “la demande de prêts”, ajoute-t-il.

De plus, la hausse des taux d’intérêt fait automatiquement baisser la valeur des obligations détenues par les banques. La FDIC a récemment averti que leurs pertes potentielles à cet égard s’élèvent actuellement à 620 milliards de dollars. Mais il n’y a pas de raison a priori pour que les grandes banques, qui disposent de dépôts “suffisamment suffisants” provenant de “sources diversifiées”, soient obligées de vendre des obligations à perte avant leur échéance, note Ken Leon.

Sofiane Aklouf et Paul Louis

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