Jeudi 9 mars, le vent de panique qui a précédé la fermeture de la Silicon Valley Bank (SVB) a traversé l’Atlantique en un rien de temps pour atteindre le bureau du Français Gilles Samoun. Comme de nombreux autres clients de l’établissement bancaire spécialisé dans les start-up, il avait un besoin urgent de récupérer les actifs de sa société, Successeve, fondée aux États-Unis. “Nous devionsil explique. Ne pas le faire, lorsqu’un membre de la conseil ou qu’un investisseur vous demande, serait une faute professionnelle. » Presque déchirant pour cet investisseur qui opère entre la France et les Etats-Unis depuis les années 1980 et était client de la SVB depuis 2000 : “C’était une institution essentielle lors de la collecte de fonds aux États-Unis. »
“C’était la banque qui incarnait le mieux les valeurs de la Silicon Valley”, abonde François Véron, le fondateur de Newfund, un fonds basé à Paris et San Francisco. A l’annonce de la chute de la SVB, il ressentit une “gros choc”. Ses équipes se sont mobilisées tout le week-end pour s’assurer que les start-up soutenues par le fonds ne feraient pas les frais de la faillite de l’établissement. Jusqu’à envisager d’injecter de l’argent frais pour soutenir ces pépites. Option évacuée lundi 13 mars alors que les autorités américaines garantissaient qu’aucun client de la SVB ne perdrait ses avoirs.
Ces cas particuliers étaient relativement peu nombreux en France. La violence du tremblement de terre ressentie outre-Atlantique n’a aucun rapport avec celle perçue en France et ne semble en aucun cas remettre en cause les fondamentaux de la scène start-up française. “Dès dimanche, nous avons pu rassurer nos partenaires sur les conséquences de cet événement sur notre portefeuille”témoigne Pierre-Eric Leibovici, co-fondateur du fonds Daphni.
Bpifrance, l’homologue français
L’implosion de SVB laisse cependant un vide aux États-Unis, où elle était un acteur majeur du Risque de dette, cet outil qui permet aux start-up de se financer par endettement, devenu particulièrement utile dans une période où les introductions en Bourse sont devenues trop risquées et les levées de fonds en baisse. Selon le site spécialisé Dealroom, le montant des levées de fonds dans le monde a chuté de 32%, passant de 734 milliards de dollars (685 milliards d’euros) à 483 milliards de dollars entre 2021 et 2022.
Ironie du sort, la SVB a servi d’inspiration à la création de Bpifrance, qui est la banque de référence des jeunes start-up françaises, explique Paul-François Fournier, son directeur général : « SVB avait une culture de proximité avec ses clients et une solide compréhension du modèle économique de l’écosystème des entreprises technologiques. Mais nous n’avons pas d’activité de dépôt. » Plutôt que de s’appuyer sur un acteur principal, Bpifrance a préféré convaincre les banques françaises de participer au développement des start-up françaises : “Nous cofinançons des projets avec eux, nous leur offrons des garanties sur les prêts les plus risqués, et ils comptent sur nous pour l’analyse des risques”, ajoute M. Fournier. « Les banques commencent à comprendre que ces entreprises sont de futurs clients à fort potentiel »soutient également M. Leibovici.
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