Cinéma : au-delà "Credo III"ces films qui transformaient les salles en rat race

Des bagarres ont éclaté dans les salles de cinéma diffusant le film “Creed III”. La Fédération nationale du cinéma français parle d’un “épiphénomène”. Pourtant, des scènes similaires se sont déjà produites pour d’autres films.

Les séances perturbatrices semblent malheureusement être devenues un sport pour certains. Des bagarres ont éclaté ces derniers jours dans plusieurs salles de cinéma en France à l’occasion de la projection du film de boxe Credo IIIsorti en salles le 1er mars. Une bagarre géante à Thionville, des canettes et des sodas jetés à Saint-Étienne, des incidents signalés à Charleville-Mézières, à Marseille, des rixes à Paris… Des vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux, devenant ainsi des “défis” à augmenter.

Cependant, le film lui-même ne semble pas être la cause de la violence. Il s’agit plutôt d’altercations liées à l’incivilité, comme une jeune femme du Val-de-Marne qui a téléphoné tout au long du film, provoquant la colère des autres spectateurs.

Autre ambiance mais tout aussi dégénérée début janvier dans un cinéma d’Épinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, lors de la projection de Thunivu de H. Vinoth, un blockbuster d’action indien. Pop-corn lancé en l’air, pétards, fumée rouge, spectateurs criant et dansant devant l’écran… Rien à voir avec la courtoisie nécessaire à une projection collective.

“Dans ce genre de films du sud de l’Inde, il y a toujours des célébrations avant et pendant les premières projections.expliqué à Marianne un spectateur. Là, comme souvent, ça a explosé quand le visage de l’acteur principal est apparu à l’écran…”

Joie incontrôlée ?

A Marseille, des fans incontrôlables ont perturbé l’avant-première du film Une pièce l’été dernier, hurlant, courant devant l’écran, lançant du pop-corn, se déshabillant, gâchant le plaisir d’autres téléspectateurs qui ont partagé leur incrédulité sur les réseaux sociaux.

Des problèmes sont également survenus à Bordeaux où des spectateurs ont activé l’alarme incendie à 10 minutes de la fin du film. Une tendance ? En mars dernier, le Grand Rex de Paris a également dû faire face à des fans irrespectueux et déchaînés, gâchant le visionnage de Jujutsu Kaisen, en faisant un show en criant, en sifflant, en dansant ou même en se déshabillant.

Idem lors des sessions précédentes de Tueur de démons Ou Mon université de héros. Au point que de nombreux fans craignent que cette minorité d’agitateurs ne discrédite la communauté des amoureux de la culture japonaise. Un tiktokeur a ainsi fait part de son inquiétude que les distributeurs, rebutés par un tel comportement, ne proposent plus d’avant-premières animées.

@thevivizama Le problème de l’avp au cinéma #onepiecered #pourtoi #cinema #onepiece ♬ Paris – 斌杨Remix

Le film d’horreur reste l’un des genres les plus touchés par le phénomène. En 2016, UGC a catégoriquement refusé de programmer The Conjuring 2: L’affaire Enfied, échaudé par les expériences précédentes. Et en effet, les autres réseaux l’ayant distribué ont dû rapidement le retirer des salles suite à des incidents survenus lors de la projection, cris, téléphones, insultes, bagarres…

En 2014, c’est Annabelle, la poupée de porcelaine tueuse, qui a défié la chronique. UGC avait clairement annoncé qu’il ne le proposerait plus en raison de “se bat dans la chambre”. Deux ans plus tôt, même phénomène avec Sinistre Et Activité paranormale 4. Comptoirs confiseries pillés, caissiers insultés, urine sur les fauteuils… Le distributeur Wild Bunch avait jeté l’éponge.

Les jeunes, mais pas que

Le point commun de ces films, outre le genre horreur, c’est qu’ils sont tous interdits pendant au moins 12 ans. Et force est de constater que les éclats viennent d’un public essentiellement jeune, entre 12 et 17 ans, “pas assez mature”analysait en 2012 au micro de RTL la psychologue-clinicienne et psychothérapeute Anne Floret : “Ils n’ont pas la maturité pour intégrer l’horreur au second degré, ça va les toucher sans retenue, alors ils expriment leurs pulsions dans l’hystérie collective”. Ce public se réunit en masse “pas pour ne pas voir le film, mais vraiment ‘fuck the mess’résume son côté UGC.

Cela dit, l’horreur elle-même peut être profondément troublante. Les premiers spectateurs de L’Exorciste par William Friedkin en 1973 en sont encore traumatisés. On parlait à l’époque d’évanouissements dans les salles, de vomissements (avec des sacs en papier distribués aux spectateurs), et même d’infarctus !

Les festivaliers ont beau être en smoking et robe de soirée, Cannes est aussi le lieu de réactions souvent exacerbées dans les salles. Huées, cris, malaises ne sont pas absents, loin de là. Déjà en 1960, fous rires et sifflements avaient ponctué la projection de Aventure, de Michel-Ange Antonioni. En 1973, des cris résonnaient partout Festin par Marco Ferreri, décrit par certains à la sortie comme “répugnant” Et “émétique”. De nombreux films ont fait scandale à Cannes. On peut encore citer Irréversible de Gaspard Noé en 2002. De nombreux spectateurs ont quitté la salle pendant la projection, alors qu’ils n’étaient pas victimes d’inconfort dans leur siège. Ou encore plus récemment en 2021, Titane de Julia Ducournau. “On n’a pas le droit d’aller aussi loin, de montrer tant d’horreurs”, a par exemple réagi l’un des spectateurs interrogé par Allociné à la sortie. Vomissements, malaises… Les pompiers ont dû intervenir à plusieurs reprises lors de la projection en raison de l’ultra-violence du film, que certains ont qualifié de gore.

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