Comment Macron ferme la porte à l’intersyndicale, sans l’avouer

CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Comment Macron ferme la porte à l’intersyndicale, sans l’avouer (photo d’illustration prise le 18 juin 2017 au Touquet)

CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Comment Macron ferme la porte à l’intersyndicale, sans l’avouer (photo d’illustration prise le 18 juin 2017 au Touquet)

POLITIQUE – “D’accord, vu. « Depuis le début de la contestation de sa réforme des retraites dans la rue, Emmanuel Macron s’est efforcé de rester en seconde ligne, laissant ses ministres et le premier d’entre eux, prendre la foudre. Pas de grosse interview, ni de grande séquence médiatique puisqu’Élisabeth Borne a présenté le projet mi-janvier.

Une stratégie assumée, et qui ne devrait pas changer dans l’immédiat. Avec une nouvelle mobilisation historique dans la rue, mardi 7 mars, l’intersyndicale a en effet demandé à être reçue en urgence par le président de la République, tout en lui reprochant son silence « méprisant » depuis des semaines. Une critique reprise en chœur par l’opposition de gauche.

Quelle est la prochaine après cette annonce

Problème : cela ne semble pas être dans les plans du chef de l’Etat. Si Emmanuel Macron ne s’est pas exprimé précisément sur la question, les indices laissés ça et là par ses proches indiquent que la porte de l’Élysée restera fermée aux différents responsables syndicaux, pour le moment.

L’évasion de l’Élysée, le scepticisme des ministres

Dès mardi soir, en réalité, la réaction de l’Élysée ne laissait pas beaucoup de place à une éventuelle rencontre au sommet. ” La porte de l’exécutif est toujours restée ouverte. C’est ce que rappelait notamment le président de la République dans ses récentes expressions sur la réforme des retraites », disait-on quelques minutes après l’appel des dirigeants de la CGT, de la CFDT et consorts. Un premier pas en avant ? Pas vraiment.

L’expression, particulièrement calibrée, montre surtout que l’exécutif est prêt à les recevoir, pas forcément le président de la République. Autant de mots que l’on répète ce mercredi au Château, où l’on ne manque pas de préciser que le chef de l’Etat, loin d’être absent du débat, a répondu aux questions des journalistes de Rungis ou du Salon de l’agriculture, sur la réforme des retraites. Et ce n’est pas tout.

Quelle est la prochaine après cette annonce

Dans la foulée de cette première réaction élyséenne, plusieurs ministres ont fait preuve d’un large éventail de scepticisme pour expliquer pourquoi une rencontre entre Emmanuel Macron et les syndicats n’est pas souhaitable, alors que le projet en question est débattu au Sénat.

Pour Olivier Véran, par exemple, « le Président de la République respecte les institutions », ou, aujourd’hui « l’heure parlementaire est en vigueur », a expliqué le porte-parole du gouvernement à l’issue du Conseil des ministres. Un argument martelé quelques heures plus tôt par son collègue des Comptes publics Gabriel Attal.

L’intersyndicale garde “l’espoir”

Je pense qu’il y a un temps pour tout », a-t-il expliqué dans la matinale de BFMTV, confirmant à demi-mot que la séquence actuelle n’est pas favorable à une venue des syndicats à l’Elysée, selon l’exécutif. “ Il y a eu des réunions, le président les a invités en juin », a-t-il souligné, en s’appuyant sur ces précédents entretiens organisés huit mois avant la réforme et boudés par la CGT.

Quelle est la prochaine après cette annonce

Dans ce contexte, les ministres ne manquent pas de rappeler, non plus, que les syndicats refusent de participer au CNR d’Emmanuel Macron (à l’exception de la CFDT.) Une manière de souligner la volonté de dialogue du président, à l’opposé de certains responsables syndicaux. Compris ? Comme si la chose n’était pas assez claire, Elisabeth Borne a clos l’interdiction mercredi soir, expliquant au Sénat que l’interlocuteur des syndicats restait Olivier Dussopt.

“Si les syndicats souhaitent soulever certains points précis, la porte du ministre du Travail Olivier Dussopt reste toujours ouverte”a-t-elle ainsi affirmé lors de la séance de questions au gouvernement, sans évoquer la possibilité d’une rencontre élyséenne.

Dans ce contexte quelque peu hostile, l’intersyndicale n’a pas prévu de relâcher la pression. Contacté par Le HuffPostCyril Chabanier, le président de la CFTC, ne veut pas prendre ces indices comme une fin d’irrecevabilité… D’autant plus que la lettre officielle des syndicats » n’est pas encore parti. » « Nous espérons toujours être reçus », à l’Élysée, nous raconte le syndicaliste « réformiste. Quitte à passer par la fenêtre ?

Voir aussi sur Le HuffPost :

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *