“Des dizaines de milliers d’enfants sous psychotropes”, c’est l’un des points soulevés par un rapport du Conseil supérieur de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) – organe consultatif auprès du Premier ministre. Intitulé “Quand les enfants vont mal, comment les aider”, le rapport, publié lundi 13 mars, alertait sur l’augmentation de la consommation de psychotropes (médicaments utilisés pour traiter les troubles mentaux) chez les enfants et les adolescents. Un document qui a soulevé de nombreuses critiques de la part des pédopsychiatres.
Selon le HCFEA, le besoin de soins augmente mais l’offre thérapeutique diminue, ce qui “favoriserait, par défaut, un traitement médical au détriment de la psychothérapie”. Entre 2014 et 2021, la consommation de psychotropes chez les 6-17 ans aurait augmenté de 48,5% pour les antipsychotiques, 62,6% pour les antidépresseurs, 78% pour les psychostimulants, 155,5% pour les hypnotiques et sédatifs, selon le rapport, qui se base sur les données de prescription.
Olivier Bonnot, pédopsychiatre au CHU de Nantes et secrétaire général du Collège national des universités de psychiatrie, dénonce un signalement “alarmiste”, ainsi qu’un “diabolisation des drogues et stigmatisation des jeunes qui en consomment”.
Sylviane Giampino, psychologue et présidente du conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA, assure que le signalement n’était pas incriminant mais s’interrogeait sur “le déséquilibre entre les différents types d’aides”. ” La consommation augmenterait donc deux fois plus vite chez les enfants que chez les adultes., souligner Mmoi Giampino, qui craint de prendre des psychotropes “qui pourrait toucher 5% de la population pédiatrique”. UN “données hypothétiques” mettre en perspective, “la prévalence des troubles mentaux chez les enfants étant d’environ 20%”Ombre Diane Purper-Ouakil, pédopsychiatre au CHU de Montpellier.
Manque de ressources
En réalité, plusieurs facteurs contribuent à cette augmentation. « La souffrance psychologique et psychiatrique des jeunes augmente donc par un effet mécanique, les prescriptions aussi », explique Olivier Bonnot. Parallèlement, ce n’est que depuis une quinzaine d’années que des psychotropes sont prescrits aux enfants. “Forcément, quand on part de très peu et qu’on commence à prescrire un peu plus, les chiffres explosent”tempère le pédopsychiatre. “Les études montrant l’efficacité de certains médicaments sur les symptômes se sont également multipliées”, tranche Diane Purper-Ouakil. C’est notamment le cas du méthylphénidate, un médicament utilisé dans le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), explique-t-elle. “Pour les autres médicaments, les données scientifiques disponibles sont au contraire insuffisantes pour justifier une large prescription”, Elle ajoute.
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