Dassault Aviation s’est défendu contre “l’aviation bashing” jeudi lors de la publication de ses résultats. Ses jets d’affaires ne sont pas de gros pollueurs par rapport à d’autres entreprises, a-t-il déclaré. Oui et non.
Alors que l’avionneur français Dassault Aviation a publié jeudi matin de bons résultats annuels, son directeur, Eric Trappier, en a profité pour défendre son entreprise contre un “aviation bashing” qui monte en puissance.
“Un an de 2100 Falcon en service équivaut à 24 heures de streaming vidéo mondial, 5 heures de trafic mondial de camions ou 2,5 jours de fonctionnement de la centrale thermique allemande”, lit-on dans la présentation. .
Faucon et empreinte carbone
Les Falcon sont les avions d’affaires de Dassault Aviation utilisés aujourd’hui dans plus de 100 pays à travers le monde.
Les 2 100 jets rejetteraient 1,6 million de tonnes de CO2 par an, soit 0,003% des émissions mondiales totales, a déclaré Dassault Aviation à BFM Business. Cela représente 14 minutes d’émissions mondiales annuelles de CO2, a poursuivi l’entreprise.
Alors, l’aviation d’affaires, et plus largement les jets privés, sont-ils les coupables idéaux d’un crime qu’ils n’ont pas commis ?
La comparaison avec le streaming, le trafic de camions et les centrales thermiques allemandes relativise les nombreuses accusations dont les jets sont la cible.
Cependant, pris sous un autre angle, les chiffres ne racontent pas tout à fait la même histoire : s’il y a 2100 Falcon en service dans le monde, il y a plus de 6 millions de camions rien qu’en Europe et bien plus d’un milliard d’utilisateurs de streaming vidéo par an. Autrement dit, si on réduit l’empreinte carbone de ces activités par usager, c’est contre l’aviation d’affaires.
“Dénigrement de l’aviation”
Les jets privés et plus largement l’aviation sont au cœur du débat sur la crise climatique en France, et dans le monde, depuis plusieurs années.
Les jets privés parce qu’ils sont perçus comme un luxe accessible uniquement aux privilégiés et l’aviation parce que c’est un gros consommateur de carburant qui émet plus de 2% des émissions globales de CO2 dans le monde sur un an.
Des avions, dont les jets d’affaires de Dassault Aviation, ont commencé à utiliser des carburants qu’ils appellent “biocarburants” pour rejoindre le mouvement de décarbonation.
“La clé, ce sont les biocarburants. On vole déjà à 30% avec des biocarburants, mais on peut aller jusqu’à 50%”, a déclaré Eric Trappier sur BFM Business jeudi soir, ajoutant que leur futur avion pourra voler sans consommer que des carburants alternatifs.
L’agrocarburant est un carburant fabriqué à partir de produits tels que les huiles de cuisson ou les déchets animaux et peut aujourd’hui être mélangé avec du carburant conventionnel jusqu’à 50 % dans les moteurs d’avions. Peu utilisés pour le moment en partie à cause de leur prix élevé, ils font aussi l’objet de critiques de la part des défenseurs de l’environnement qui les accusent, entre autres, de favoriser la déforestation.