Par un coup de fil rapide à quelques journalistes, il détaillait toujours, avec un accent savoureux rappelant sa naissance, le 3 août 1950, à Crémone, en Lombardie, son opinion sur tous les sujets importants relatifs à sa passion : l’Europe. Mario Telo, décédé le 6 mars dernier à Bruxelles, aimait partager avec quelques commentateurs l’immense savoir qu’il communiquait aussi à des milliers d’étudiants de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il a rejoint cette institution en 1987 et y a enseigné les relations internationales et la politique comparée pendant trois décennies.
Lorsque sa mort a été annoncée, des messages ont afflué du monde entier. Ils venaient de Florence, où il a acquis le titre de docteur en philosophie, de New York (il était chercheur à l’université de Columbia), de Suède, du Canada et de Chine, pays avec lequel, il a plaidé contre vents et marées, contact et le dialogue doit être maintenu à tout prix.
« Il était présent partout, dans les universités, les think tanks, les conférences, et n’a cessé de prôner une Europe plus unie, plus progressiste, plus ouverte au dialogue.souligne, ému, Jean-Michel De Waele, qui fut son élève avant de devenir professeur de science politique, puis un de ses proches. Mais c’était surtout un homme d’une immense gentillesse, ce que nombre de ses anciens élèves soulignent dans leurs messages. »
Une Europe plus forte et plus intégrée
Travailleur acharné, capable de passer des heures à relire un mémoire, à négocier une résolution ou à préparer une intervention, Mario Telo a consacré toute sa carrière à étudier à la fois le passé lointain et l’avenir possible d’une Europe qu’il voulait aussi plus forte et plus intégré. “C’est de la politique, ça prend du temps”plaisanta-t-il, arborant un sourire qui le quittait rarement.
Passé des amphithéâtres à l’action politique, Paul Magnette, président du Parti socialiste (francophone) belge, a également été l’élève de Mario Telo, directeur de sa thèse consacrée à la citoyenneté européenne après avoir encadré sa thèse sur le cinéaste, écrivain et journaliste Pier Paolo Pasolini. « Le professeur Telo était un grand intellectuel nourri de toutes les cultures, italienne, française, anglo-saxonne, allemande, nordique, commente celui qui fut aussi directeur de l’Institut d’études européennes de l’ULB. Et ces dernières années, il s’était ouvert aux traditions intellectuelles chinoises et latino-américaines. »
Mario Telo, soulignent ses anciens collègues, a apporté une contribution fondamentale au développement des études politiques européennes. Un rôle de pionnier dans un domaine longtemps inexploité. « Il a construit des ponts entre la politique comparée et la politique internationale, très cloisonnée dans le champ francophone »dit Paul Magnette.
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