Avec une augmentation de 50% des demandes d’asile en 2022 – près d’un million déposées l’an dernier en Europe, selon les chiffres publiés en février par l’Agence de l’Union européenne (UE) pour l’asile -, la pression monte sur les pouvoirs publics européens, et l’idée de L’externalisation de la gestion des procédures d’asile en dehors de l’UE revient régulièrement dans les discussions à Bruxelles. Longtemps considérée comme sulfureuse et moralement inacceptable, cette idée est en passe de se normaliser. “Elle devient le sujet du moment”, raconte une source proche des négociations sur les questions migratoires. Pour autant, aucune discussion sur le sujet n’a été engagée au niveau technique, précisent néanmoins plusieurs diplomates européens. Et la question ne devrait pas être abordée lors du conseil des ministres de l’intérieur des 9 et 10 mars, consacré notamment à la migration.
Alors que le Danemark a légiféré en 2021 pour envoyer ses demandeurs d’asile au Rwanda, le Royaume-Uni a emboîté le pas en 2022 et envisage désormais de priver toute personne arrivant illégalement sur ses côtes du droit d’asile, de plus en plus de pays européens réclament que cette mesure soit adoptées afin de dissuader les migrants de demander une protection internationale sur leur territoire.
Des projets datant des années 1970
En novembre 2022, le ministre autrichien de l’Intérieur Gerhard Karner a officiellement demandé à ses collègues européens de s’inspirer du modèle danois dans leur réflexion. En février, Joachim Stamp, le nouveau représentant spécial de l’Allemagne pour les accords migratoires, a proposé à son tour l’ouverture de centres pour demandeurs d’asile sur les routes migratoires, une solution qu’il considère “plus humain” que les centres rwandais au Danemark ou au Royaume-Uni, qui sont actuellement au stade de la planification.
« Les projets d’externalisation remontent aux années 1970, se souvient Pauline Endres de Oliveira, avocate de l’université de Giessen, en Allemagne, co-auteur d’une étude sur la gestion externalisée des demandeurs d’asile pour le think tank Migration Policy Institute. Avec les évacuations du Vietnam, les États de destination ont cherché des moyens d’alléger la pression exercée sur leurs systèmes d’asile par les arrivées spontanées et les dangers auxquels les demandeurs sont confrontés en cours de route. »
Depuis 2013, l’Australie a également pris des mesures, transférant quelque 3 200 demandeurs d’asile vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’île de Nauru, pour un coût estimé à 5 milliards d’euros, selon le Examen de la migration forcée.
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