D’abord le bruit assourdissant d’un flux permanent. Puis une légère odeur de chlore. Pourtant, nous ne sommes ni au bord d’une rivière ni à la piscine, mais dans un laboratoire de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) à Lyon. Ce laboratoire est dédié à la simulation et à l’étude des inondations et de leurs conséquences souvent dramatiques. « Chaque année, en France, les inondations causent 650 à 800 millions d’euros de dégâts et continuent de tuer », rappelle Inrae. C’est le premier risque naturel en France, auquel un tiers des communes est exposé.
Dans la vaste salle de Sur 300 mètres carrés de ce laboratoire d’hydraulique et d’hydromorphologie, les installations sont impressionnantes. Un premier canal mesure 18 mètres de long sur 1 mètre de large, et son inclinaison peut varier de 0% à 5%, pour représenter, au choix, un ruisseau de montagne ou une rivière de plaine. Les chercheurs peuvent également moduler la vitesse d’écoulement, avec un maximum de 300 litres par seconde. Il est principalement utilisé pour l’étude des dépôts de sédiments, intégrant d’autres paramètres variables, comme la granulométrie (de 10 à 30 microns) ou la concentration des sédiments à l’entrée du canal, explique Céline Berni, chargée de recherche en hydromorphologie des rivières.
A côté, prenant encore plus de place, se trouve un autre canal, long de 18 mètres et large de 3 mètres, avec une profondeur de 13 centimètres. Avec une inclinaison de 0,1 %, il est principalement utilisé pour étudier les débordements des rivières, permettant de mieux comprendre les effets des crues extrêmes. Ces instruments sont entourés de parois vitrées pour une meilleure observation.
Pollution
Pour modéliser les “lits majeurs” – contrairement à ce que suggère l’expression, ce sont les lits créés par le fleuve lorsqu’il déborde en cas de fort débit, le “lit mineur” étant celui où il coule en permanence -, des bancs de verre sont installés dans le canal, avec du gazon synthétique pour représenter une prairie par exemple, ou des bâtons de bois pour la forêt. Cela permet d’étudier les “transitions de l’occupation du sol, de la prairie seule à la prairie plus forêt”.
Ces installations existent depuis 2013, et la plupart des travaux ont été financés par l’Agence nationale de la recherche (ANR). Sur chaque équipement sont fixés un grand nombre de lasers, des capteurs à ultrasons pour mesurer la hauteur d’eau, des débitmètres électromagnétiques, des turbidimètres pour calculer la concentration des sédiments, ou encore des sondes et des vélocimètres Doppler acoustiques. Tout ici est calibré et mesuré en fonction du sujet d’étude. La plupart des projets, d’une durée de trois à quatre ans, sont financés par l’ANR et répondent à des appels d’offres d’acteurs socio-économiques qui participent à leur financement, comme la Compagnie Nationale du Rhône. , agences de l’eau, etc. Ces équipements sont également utilisés par les doctorants qui viennent faire leur thèse, pour une durée de trois ans.
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