jeL’état catastrophique de notre système de santé est connu et l’intervention du Président de la République le 6 janvier a confirmé que tous les plans précédents n’avaient pas suffi à apporter des solutions adéquates. Mais, là encore, aucune mesure n’est proposée pour résoudre l’une des causes essentielles de la crise, la pénurie de médecins en France. C’est en effet, avec la “grande démission” du personnel soignant, la seconde explication de l’effondrement de notre système de santé.
Le pays manque de médecins un peu partout : plus de 95 % des territoires d’Ile-de-France sont considérés comme sous-dotés en généralistes, selon les données de l’agence régionale de santé (ARS) ; certaines spécialités sont totalement absentes de nombreux départements ; les postes vacants dans les hôpitaux se comptent par milliers; et il n’y a pas un secteur qui ne souffre (santé scolaire, médecine du travail, protection maternelle et infantile, etc.).
Dans l’immédiat, le “Docteur Macron” et son ministre vont amplifier les soins palliatifs : ajouter des assistants médicaux, optimiser le temps de travail, déléguer des tâches à d’autres professions elles-mêmes en pénurie, faciliter l’arrivée de médecins étrangers déjà très nombreux dans nos hôpitaux – au risque d’appauvrir davantage leur pays d’origine – et de développer la télémédecine que beaucoup considèrent comme des soins bon marché.
Mais rien n’est fait pour vraiment traiter l’origine de la maladie, c’est-à-dire le nombre insuffisant de médecins formés par nos universités. La rhétorique récurrente prétendant que la suppression du numerus clausus résoudra tout en dix ans est au mieux un vœu pieux et au pire une diversion malhonnête. Les promotions d’étudiants issues de la réforme de la première année des études de médecine, qui reste très sélective, ont augmenté d’à peine 15 % par rapport aux précédentes, ce qui laisse sur le carreau des milliers de candidats brillants et motivés.
Les mêmes erreurs
Les projections montrent que, dans dix ans, on retrouvera des effectifs de médecins équivalents à ce qu’ils étaient dans les années 2000. Une époque où l’on connaissait déjà les déserts médicaux. Et, surtout, les besoins de santé ne font que croître d’année en année : la population croît et vieillit, avec de plus en plus de maladies chroniques nécessitant des traitements longs.
Dans le même temps, les transformations de la société affectent autant les médecins que les autres professions : leurs horaires de travail restent longs mais ont nettement diminué, et ils aspirent à des fonctions plus souvent salariées avec des temps d’exercice encadrés.
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