En Chine, les femmes sont exclues des hautes sphères du pouvoir

LETTRE DE PÉKIN

L’Assemblée populaire nationale qui vient de fermer ses portes à Pékin a déjà fait une victime : des femmes. Sur les 2 977 délégués, 791 (ou 26 %) étaient des femmes. Un pourcentage légèrement inférieur à leur présence dans le parti (29,1% des 95 millions de membres du PCC sont des femmes). C’est que, dès qu’on monte dans la hiérarchie de l’administration ou du parti, les femmes disparaissent. Depuis octobre 2022 et le 20e congrès du PCC, plus aucune femme ne figure parmi les 24 membres du bureau politique. Une première depuis vingt ans.

Ceux qui espéraient qu’une femme figurerait enfin parmi les sept membres de la commission permanente du bureau politique sont restés sur leur faim. Non seulement aucune femme n’a jamais été admise dans le premier cercle du pouvoir, mais elles ont même disparu du second. Comme toutes les promotions se font en partie à l’ancienneté, il faudra désormais attendre le prochain congrès, en 2027, pour qu’une femme entre éventuellement à nouveau dans la fonction politique, puis cinq années supplémentaires, 2032 donc, pour qu’elle ait une toute petite chance d’entrer dans le saint des saints. C’est tout pour la fête.

Du côté de l’Etat, la situation n’est guère meilleure. Sans surprise, le nouveau premier ministre, Li Qiang, également numéro deux du PCC, est un homme. Mais les quatre vice-premiers ministres sont aussi des hommes, alors que, ces dix dernières années, deux femmes, Liu Yandong (2013-2018) et Sun Chunlan (2018-2022), avaient obtenu ce grade. Il faut descendre au niveau N-2, celui des conseillers d’Etat, pour trouver une épouse.

Seulement deux femmes parmi les vingt-six ministres

Parmi les cinq conseillers d’Etat – un rang inférieur à celui de vice-Premier ministre, mais théoriquement supérieur à celui de ministre – figure désormais une femme : Shen Yiqin, qui, jusqu’à l’automne 2022, était secrétaire du parti dans la province du Guizhou. Elle était aussi la seule femme à diriger une province. Logiquement, le nom de cette femme, qui fait partie de la minorité Dai, avait circulé pour entrer dans le bureau politique en octobre. Mais elle ne l’a pas compris. Sa nomination au poste de conseiller d’État peut être considérée comme un lot de consolation ; cependant, il est légitime de se demander quel sera son poids exact.

Les quatre autres conseillers d’Etat sont en effet des ténors de l’équipe Xi et occupent en parallèle des fonctions importantes. Qin Gang est également ministre des Affaires étrangères, Li Shangfu, ministre de la Défense, Wang Xiaohong, ministre de la Sécurité publique, et Wu Zhenglong, secrétaire général du Conseil d’État, l’équivalent du gouvernement. Shen Yiqin n’a pas de portefeuille à gérer.

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