En Guadeloupe, la polémique suscitée par l’affaire Claude Jean-Pierre ne cesse d’enfler. Depuis le décès, le 3 décembre 2020, de ce retraité de 67 ans, qui avait succombé au grave traumatisme subi lors d’un contrôle de gendarmerie dans sa commune de Deshaies, l’émotion est forte dans l’archipel. Elle a cédé à l’indignation lorsque le procureur de la République de Basse-Terre, Xavier Sicot, a demandé, le 5 février, un non-lieu dans le cadre de l’information judiciaire ouverte contre X pour « homicide involontaire ». Deux événements sont programmés le vendredi 10 mars à Basse-Terre. Un millier de personnes ont déjà manifesté vendredi 3 mars dans les rues de Pointe-à-Pitre.
Au cours des trois dernières semaines, des élus, des personnalités, des citoyens avaient anticipé les conclusions du parquet et réclamé justice pour la famille de “Klodo”, surnom affectueusement donné à l’ancien maçon par ses proches. Dans un communiqué en date du 27 février, les quatre députés et trois sénateurs de la Guadeloupe ont relevé la“excitation” et le“malentendu populaire” suscité par l’acte d’accusation. réaffirmant “leur confiance dans le système judiciaire”les sept parlementaires disent souhaiter “que la demande de la famille de Claude Jean-Pierre soit entendue” Et “que la justice s’exerce dans un climat serein et de confiance mutuelle”.
« Comment la République française (…) peut-elle faire preuve d’un tel mépris de la justice ? », Harry Roselmack s’était laissé emporter sur son compte Instagram quelques jours plus tôt. Faisant le parallèle avec l’affaire George Floyd, la journaliste star dénonce “un déni de justice absolu”.
Fracture du double cou
C’est la fille de la victime qui a rendu publiques les conclusions du parquet. « Mon père, Claude Jean-Pierre, 67 ans, [est] décédé suite à un contrôle de police (…). Et aujourd’hui, un procureur nous dit qu’il ne s’est rien passé”, assène Fatia Alcabelard dans une courte vidéo diffusée le 17 février sur les réseaux sociaux. La quadragénaire mène avec son compagnon, Christophe Sinnan, un combat désormais connu de tous les Guadeloupéens sous le slogan ” Jistis pou Klodo » (“Justice pour Klodo”).
Au volant de son Renault Express, le retraité est contrôlé par deux gendarmes, le 21 novembre 2020, au centre de la commune de Deshaies, localité de 4 000 habitants au nord de l’île de Basse-Terre. Un contrôle que le procureur Xavier Sicot a justifié, lors d’une conférence de presse organisée deux mois plus tard, par le “conduite hésitante” de l’automobiliste : le sexagénaire, “évidemment alcoolique”est sorti du véhicule “résister” avant de s’effondrer au sol, selon le magistrat. Evacué au CHU de Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, Claude Jean-Pierre, le visage gonflé de contusions, a été placé dans un coma artificiel. Les examens médicaux établissent qu’il souffre d’une double fracture des cervicales, dont une comprimant la moelle épinière. Il est décédé après dix jours en soins intensifs, et après une opération.
Il vous reste 47,98% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.