Qui aurait pu prévoir, il y a un an, que les taux des prêts immobiliers sur vingt ans atteindraient 2,83 % en février 2023, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, contre 1 % en janvier 2022 ?
Cette envolée souffle un vent glacial sur le marché immobilier, soutenu les deux années précédentes, entre janvier 2020 et janvier 2022, par des « taux planchers » compris entre 1 % et 1,20 %. Ces derniers mois, les emprunteurs ont vu leur capacité d’emprunt fondre comme neige au soleil. La Banque de France calcule qu’ils ont perdu 11 mètres carrés de pouvoir d’achat entre mars 2022 et janvier 2023, sous le double effet de la hausse du prix du crédit et de la hausse du prix de la pierre.
Les banques continuent de réviser leurs taux en mars : “Ils prêtent aujourd’hui au dessus de 3% sur vingt ans”, note Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. Le coût total d’un prêt de 200 000 euros sur vingt ans a donc triplé en quatorze mois, passant de 20 749 euros (hors assurance, taux nominal de 1 %) en janvier 2022, à 66 207 euros (hors assurance, taux nominal de 3 %) en mars 2023.
« Les candidats au prêt sont là, ils viennent se renseigner dans nos agences, note toutefois Pierre-Etienne Beuvelet, fondateur du réseau des courtiers IN&FI. Mais il est de plus en plus compliqué de trouver des financements compte tenu de la hausse des taux de crédit. » En effet, les banques ne se précipitent pas pour octroyer des prêts, car leurs marges sont sous pression. La production de crédits est ainsi passée de 19,7 milliards d’euros par mois en moyenne au premier semestre 2022 à 16,7 milliards d’euros par mois au second semestre 2022, selon la Banque de France.
Contrôler l’inflation
Le début d’année laisse présager une stabilisation à 15,8 milliards d’euros en janvier 2023 et une estimation à 17 milliards d’euros pour février. Mais la hausse des taux de crédit devrait se poursuivre. La Banque centrale européenne (BCE) a déjà annoncé son intention de poursuivre la hausse de ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion du 16 mars. Le taux de dépôt atteindrait ainsi 3 %, alors qu’il était encore négatif (–0,50 %) il y a neuf mois.
L’objectif de cette ascension ? Lutter contre l’inflation, dont le niveau s’envole depuis le début de la guerre en Ukraine. La hausse des prix a atteint 8,6% sur un an dans l’Union européenne selon Eurostat. Le resserrement de la politique monétaire de la BCE ces derniers mois a entraîné dans son sillage une hausse des taux d’intérêt à long terme, dont celui de l’OAT à dix ans (obligation d’État de référence pour le marché français), passé de 0 % en janvier 2022 à 3,20 % début mars 2023.
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