EncroChat : démanteler un gigantesque trafic de téléphones cryptés pour les criminels

Une opération conjointe des autorités françaises et néerlandaises a conduit à de “multiples arrestations” dans plusieurs pays européens.

Il était presque exclusivement utilisé par des organisations criminelles. Les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises ont annoncé jeudi le démantèlement d’un vaste réseau mondial de communications cryptées, baptisé EncroChat.

EncroChat promettait un anonymat “parfait” à ses utilisateurs et des conditions d’acquisition introuvables, n’associant ni terminal mobile ni carte SIM à leurs comptes clients. Les téléphones – de type Blackberry ou Android – ont été entièrement “modifiés”, l’entreprise supprimant généralement les microphones, les caméras, les systèmes GPS et les ports USB. Ils étaient équipés d’un logiciel de messagerie instantanée cryptée, couplé à une infrastructure sécurisée.

Non déclarée en France, cette solution de communication a notamment été mise en place à partir de serveurs installés en France, au profit d’une clientèle mondiale. Les smartphones étaient vendus environ 1 000 euros, avec des abonnements offrant une couverture mondiale et un support technique 24h/24 et 7j/7, pour un coût de 1 500 euros pendant six mois.

Un code PIN spécial

Parmi les autres solutions proposées aux malfaiteurs, la suppression automatique des messages sur les appareils des destinataires, un code PIN spécial permettant la destruction immédiate de toutes les données, l’effacement des données du terminal en cas de saisies consécutives d’un mot de passe erroné, ou encore la possibilité d’effacer toutes les données d’un appareil distant.

Toutes ces fonctionnalités ont été « visiblement développées pour permettre d’effacer rapidement des messages compromettants, par exemple lors d’une arrestation », selon l’instance de coopération judiciaire Eurojust. En 2020, plus de 50 000 téléphones EncroChat étaient actifs dans le monde, dont 12 000 aux Pays-Bas, selon les autorités judiciaires néerlandaises.

Au total, l’enquête conjointe franco-néerlandaise, sous l’égide d’Eurojust et avec le soutien d’Europol, l’agence européenne de police criminelle, a permis ces derniers mois d’intercepter et de décrypter en temps réel, à leur insu, « plus de 100 millions de messages” échangés via EncroChat entre criminels du monde entier.

Des centaines d’usagers identifiés y sont désormais soupçonnés d’avoir “préparé” des meurtres, des attentats violents ou des enlèvements, ou d’y avoir “organisé” un trafic de drogue ou d’armes. L’entreprise s’était fortement développée ces dernières années suite au démantèlement de ses concurrents Ennetcom et PGP Safe.

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