L’arrivée d’une mégaconstellation comme celle de Starlink remet à l’ordre du jour et revisite la question de la pollution spatiale. En effet, les opérateurs de ces flottes de satellites prévoient de densifier significativement la présence d’objets en orbite – et donc d’augmenter le risque de créer de nouveaux débris – mais ils ont aussi tout intérêt à maintenir lesdites orbites propres. afin de ne pas menacer leur entreprise.
Aussi le choix par Starlink d’une orbite plutôt basse pour ses machines présente un double intérêt technique : d’une part, le signal met moins de temps à voyager et, d’autre part, en cas de panne, les Satellites retombent naturellement sur Terre en peu de temps car, à l’altitude où ils se déplacent, le frottement contre la couche supérieure de l’atmosphère les fait descendre rapidement. Sur les quelque 3 600 machines que la société d’Elon Musk a envoyées dans l’espace, environ 300 ont déjà été désorbées.
Le risque principal ne vient donc pas de là, comme l’explique Pierre Omaly, expert « débris » au Centre national d’études spatiales (CNES) : « Dans l’espace, de nombreux objets sont hérités de nos parents ou de nos grands-parents. Il existe ainsi des centaines d’étages de lanceurs anciens, qui mesurent plusieurs mètres et qui ne peuvent pas être exploités. Un article récent [publié en avril 2021 par la revue scientifique spécialisée Acta Astronautica] répertorie les cinquante objets les plus menaçants : ce ne sont pas forcément les plus gros, mais ceux qui se croisent le plus souvent. Ils sont comme des éléphants dans un magasin de porcelaine. Une collision pourrait générer des milliers de nouveaux débris. »
Ce spécialiste poursuit : « Jusqu’à présent, nous étions plutôt dans la philosophie du « ne créons pas de nouveaux débris ». Mais on s’est rendu compte par simulation numérique que, même si on arrêtait d’envoyer des objets dans l’espace, le nombre de débris continuerait d’augmenter par collision ou explosion des engins que nous avons déjà mis en orbite…”
Pinces à sucre, filet, harpons et bras robotiques
D’où l’idée, de plus en plus présente dans l’esprit des agences spatiales, d’y nettoyer. Aller attraper ces « éléphants » situés sur des orbites suffisamment hautes pour y rester des siècles ou plus, et les faire descendre pour qu’ils se consument en rentrant dans l’atmosphère.
Signe de ces temps nouveaux, lors de la dernière réunion de l’IADC (Inter-Agency Space Debris Coordination Committee), en octobre, en Corée du Sud, “un comité réunissant les treize plus grandes agences spatiales du monde, qui se réunissent pour trouver des solutions à ce problème de débris, il a été pour la première fois discuté de la nécessité d’enlever les débris”dit Pierre Omaly.
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