Ceci n’est pas une pipe. La solution trouvée par les pouvoirs publics américains pour éviter une panique financière après la faillite de la Silicon Valley Bank, la SVB, est digne de Magritte : pas de renflouement par le contribuable, mais tous les clients de la banque verront leurs dépôts garantis, y compris au-delà la limite de 250 000 dollars (environ 234 000 euros). Surtout, la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, va mettre en place une ligne de crédit de 25 milliards de dollars pour permettre de financer les établissements qui pourraient faire l’objet d’une panique bancaire. “La Fed mettra à disposition des fonds supplémentaires pour permettre aux banques de répondre aux besoins de tous leurs déposantsa expliqué la banque centrale dans un communiqué dimanche soir. Cette action renforcera la capacité du système bancaire à protéger les dépôts et à assurer la continuité de l’offre de monnaie et de crédit à l’économie. »
Tout a commencé avec la faillite, vendredi 10 mars, de la banque californienne SVB, spécialisée dans le capital-risque. La 16e plus grande banque américaine avait imprudemment investi les liquidités de ses clients dans des bons du Trésor américain à long terme. Derrière cette apparente bonne gestion, une gestion irresponsable qui ignorait le risque de rythme et de durée. En effet, cette politique a été menée en plein Covid-19, alors que le coût de l’argent était nul. Mais lorsque la Fed a relevé ses taux à partir de mars 2022, le piège s’est refermé : la valeur des bons du Trésor a fortement chuté, d’environ 15 % (lorsque les taux montent, la valeur d’une obligation baisse d’autant que jusqu’à ce qu’elle rembourse à nouveau l’équivalent du nouveau taux du marché).
Dans le même temps, les clients de la banque ont retiré leurs fonds, soit parce qu’ils en avaient besoin en période de pénurie de capitaux pour la technologie, soit parce qu’ils ont trouvé des investissements plus rentables. Résultat, la banque, incapable de faire face à ses obligations, a liquidé son portefeuille de bons du Trésor, encaissant une perte de 1,8 milliard de dollars. Elle a provoqué l’affolement de sa clientèle, qui a rendu impossible l’augmentation de capital de 2,2 milliards qui devait la sauver, et a été fermée administrativement vendredi par les autorités fédérales.
Les arguments en faveur d’un sauvetage étaient ténus
Tout au long du week-end, deux inquiétudes montaient : cet arrêt provoquerait-il des faillites en chaîne parmi les start-up privées de leur argent – les dépôts ont atteint 487 millions de dollars pour la firme de télévision Roku. Allait-elle surtout provoquer des retraits massifs dans les petites banques, les clients « découvrant » que leurs dépôts n’étaient garantis que jusqu’à 250 000 dollars ?
Il vous reste 57,89% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.