DDans ce qui a été qualifié de procès pour liberté de la presse le plus important depuis cinquante ans aux États-Unis, Fox News est poursuivi pour diffamation par Dominion Voting Systems. La société reproche à la chaîne d’information en continu d’avoir déclaré que ses machines à voter avaient été utilisées dans un complot visant à empêcher Donald Trump de remporter l’élection présidentielle de 2020. Il est apparu que les dirigeants et les présentateurs de Fox News savaient que les affirmations concernant Dominion étaient fausses, mais ils les ont quand même confirmées.
Dans sa déposition, Rupert Murdoch, le président du groupe propriétaire de Fox News, a reconnu que certaines stars à l’antenne avaient répandu des mensonges sur la fraude électorale, mais d’autres avaient contredit les invités qui avaient fait de telles affirmations ou avaient précisé à l’antenne qu’il s’agissait d’allégations. sans preuve. Cette précision a peut-être son importance dans un procès en diffamation, mais elle ne l’est pas pour les téléspectateurs : les présentateurs qui ont repris les fausses accusations sont parmi les plus appréciés de la chaîne. L’idée que l’élection a été volée continue d’empoisonner la vie politique américaine, mais la couverture de Fox News, oui ou non, a-t-elle contribué à lui donner corps ?
On pourrait dire que Fox News n’a aucune influence dans la mesure où il s’adresse à un public d’électeurs républicains conservateurs : quand on renforce les gens dans leurs opinions, les effets sont limités. Fox News a été conçu à l’origine pour être l’homologue télévisé de la radio parlée conservatrice. Sur ces ondes, des animateurs comme Rush Limbaugh ont attiré une audience considérable en mêlant contenu politique et divertissement.
Téléviseurs dans les aéroports et les salles d’attente
Les chercheurs de contenu politique sont difficiles à convaincre : leurs défenses psychologiques, connues en psychologie politique sous le nom de « raisonnement motivé », les conduisent à rejeter ou à réfuter tout ce qu’ils entendent et ne sont pas en désaccord, voire à oublier qu’ils les ont même entendus. Mais comme ces publics ne sont pas en quête d’informations politiques, ils ne sont pas sur leurs gardes et sont beaucoup plus réceptifs à l’argumentation.
On a du mal à comprendre ce qu’il y a de divertissant dans les émissions d’ultra-droite, qui jouent sur la peur des migrants, des minorités visibles ou sexuelles, mais elles sont bien produites, bien rythmées, et elles passent leur temps à tourner en ridicule leurs bêtes noires. Leur ressort n’est pas tant la colère que les yeux écarquillés du présentateur vedette Tucker Carlson, incrédule devant le ridicule des démocrates.
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