« La confiance se gagne en gouttes et se perd en litres. » C’est une formule sur laquelle le président de la République et ses partisans pourraient méditer. Journaux et médias, parlementaires et syndicats, travailleurs et retraités, partout dans la société, la confiance dans l’exécutif s’amenuise.
Et pour cause, le gouvernement a d’abord annoncé qu’aucun nouveau retraité ayant fait une carrière complète au SMIC ne prendrait sa retraite pour moins de 1 200 euros. La promesse a fait place à la désillusion et à un sentiment de trahison une fois la réalité de la mesure phare exposée : seuls 20 000 nouveaux retraités par an pourraient finalement y prétendre, selon le ministre du Travail.
Désordre
De même, nous avons assisté à un gâchis sans nom entre des ministres qui s’opposent sur la question des retraites des femmes. Certains ont admis qu’ils seraient désavantagés lorsque d’autres feraient la sourde oreille. Quant aux critères de pénibilité, le président de la République a démontré le manque de considération qu’il leur portait en les supprimant lors de son précédent quinquennat.
Le chat échaudé craint l’eau froide ! Pourquoi les parlementaires devraient-ils faire confiance au gouvernement et à sa majorité, alors que ces derniers ont rompu le lien de confiance avec une grande partie des Français ?
Le déplacement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans est lourd à porter pour les travailleurs qui se lèvent tôt et dès le plus jeune âge. Car ce sont les Français qui ont commencé à travailler jeunes qui devront subir les conséquences de cette réforme. Dans un entretien avec l’écrivain Roger Stéphane, André Malraux a dit un jour du général de Gaulle “qu’il pensait que la France ne pourrait redevenir la France que sur un terrain où la justice sociale existerait”. C’est cette exigence de justice sociale que le projet de loi bafoue. Cette réforme n’est rien de plus qu’une énième “Munich sociale”dénoncé en son temps par Philippe Séguin.
Nos aînés, dont le taux d’emploi est l’un des plus bas d’Europe (35,5% des 60-64 ans), sont durement touchés par la précarité et le chômage (un quart des inscrits ont plus de 50 ans et ils restent deux fois plus à la recherche d’un emploi aussi longtemps que les jeunes). Ces futurs retraités, au chômage jusqu’à la retraite, s’installent en fait dans un « siège de la précarité » qui fera baisser leurs revenus actuels et futurs, puisque ces années de chômage ne seront pas prises en compte dans le calcul. de leur retraite.
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