Grève des éboueurs à Paris : le ramassage des ordures par des entreprises privées intrigue

ALAIN JOCARD / AFP Cette photographie prise à Paris le 13 mars 2023 montre des ordures ménagères près de la cathédrale Notre-Dame, s’entassant sur le trottoir alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars.

ALAIN JOCARD / AFP

Cette photographie prise à Paris le 13 mars 2023 montre des ordures ménagères près de la cathédrale Notre-Dame, s’entassant sur le trottoir alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars.

PARIS – Une opération de nuit. Alors que les déchets s’accumulent depuis maintenant neuf jours dans de nombreux quartiers de Paris, certains habitants de la capitale ont eu la surprise de voir, ce mardi 14 mars, leur rue débarrassée des ordures qui jonchaient jusque-là la chaussée. Ainsi, la grève des éboueurs contre la réforme des retraites n’a évidemment pas empêché le ramassage des ordures.

Dans les 6e et 17e arrondissements, comme en témoignent les images de BFMTV tournées lundi soir 13 mars ainsi que la vidéo partagée par Geoffroy Boulard, maire LR du 17e arrondissement de la capitale, ce sont des agents d’entreprises privées qui ont pris en charge les déchets de ces deux arrondissements. Une mission qui relève généralement de la gestion directe de la commune.

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Le maire du 17e arrondissement, en première ligne sur ce dossier, a également assuré dans un message publié sur Twitter que « quatre (bennes) passeront ce soir dans son arrondissement, comme dans le 16e arrondissement.

Qui est en charge?

Des collectes nocturnes qui intriguent forcément, notamment en ce qui concerne le fonctionnement de la collecte des déchets à Paris, où la collecte s’organise de manière hybride selon les quartiers. La moitié (2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e siècles) est gérée directement par chaque commune d’arrondissement, tandis que l’autre moitié est déléguée à des opérateurs privés tels que Derichebourg, Veolia Otalia, Pizzorno ou Urbaser. .

Lorsqu’un maire d’un arrondissement géré par l’autorité municipale en matière de propreté demande l’intervention d’une entreprise privée pour décongestionner les rues, il est finalement le maire de Paris qui décide »avait auparavant assuré Geoffroy Boulard à BFMTV.

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Cela rend encore plus étranges les passages des éboueurs privés dans les quartiers gérés par l’autorité publique, puisqu’aucune mesure n’avait été officiellement prise jusque-là par la mairie de Paris. A l’inverse, face au mouvement de contestation qui a débuté le 7 mars, la mairie de Paris a même déclaré “solidarité” Contacté par Le HuffPostla mairie de Paris n’a pas encore répondu à nos sollicitations à ce sujet.

En attendant, face au manque de réaction d’Anne Hidalgo et de ses équipes, certains maires d’arrondissement ont clairement affiché leur volonté de recourir au privé pour nettoyer leurs rues. Quitte à s’asseoir sur le droit de grève des agents de nettoyage. Lundi soir sur BFMTV, Geoffroy Boulard demandait par exemple ” la mairie de Paris à autoriser les maires d’arrondissements à pouvoir travailler avec des entreprises privées “. Et ce après avoir indiqué qu’il avait déjà” saisi le préfet pour réquisitionner les centres de soins aujourd’hui bloqués par les grévistes.

Des blocages dans les centres de traitement et dans les garages municipaux qu’il considère comme un ” atteinte au service public, à sa qualité et à l’intérêt général “, quoi ” oblige le gouvernement à débloquer ces incinérateurs “.

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Peu de temps après ce discours, les rues du 17e arrondissement ont donc été en partie désengorgeées, sans que l’on sache pour l’instant si la mairie de Paris a elle-même pris la décision de recourir au secteur privé, ou si l’initiative a été prise par la mairie LR du XVIIe siècle sans respecter la procédure normale.

Rachida Dati, maire LR du 7e arrondissement a sa petite idée sur la question, comme elle l’a confié mardi à BFMTV : “Lea maire de Paris a les moyens de demander la collecte des déchets, mais s’y refuse. Je sais que le préfet de police a demandé à Anne Hidalgo pour quoi demander une réquisition. Elle refuse de le faire “.

Vers des réquisitions ?

Dès lors, dans un contexte de grève contre la réforme des retraites, la question d’éventuelles réquisitions se pose forcément. Dans une telle situation, le code général des collectivités territoriales précise que « lorsque l’interruption de la collecte des ordures ménagères résulte d’un mouvement de grève, il convient de veiller à concilier la valeur constitutionnelle du droit de grève […] et la “sauvegarde de l’intérêt général auquel la grève est susceptible de porter atteinte” ».

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Les mairies des 9e et 16e arrondissements se sont donc manifestées lundi en saisissant le préfet de police, le préfet de la région Île-de-France, le directeur général de la régie régionale de santé et la maire de Paris Anne Hidalgo sur le sujet. .

Comme le rappelle Francis Szpiner, conseiller municipal LR du 16e arrondissement de la capitale, dans sa lettre adressée au préfet de police de Paris, « la ville de Paris, malgré nos multiples sollicitations, refuse de faire appel à eux (prestataires de collecte privés) et d’identifier les sites d’incinération disponibles en région parisienne “. Et donc de demander au préfet de ” mobiliser, par tous les moyens […] les forces nécessaires pour résoudre cette situation “.

Face à une accumulation de déchets engendrant un risque grave et avéré d’atteinte à la santé publique, le maire doit informer le préfet de département de la situation. », indique encore le Code général des collectivités territoriales. Cela peut alors permettre au préfet de « réquisitionner tout bien ou service, requérir toute personne nécessaire au fonctionnement de ce service ou à l’usage de ce bien et prescrire toute mesure utile jusqu’à ce que l’atteinte à l’ordre public ait pris fin ou jusqu’à ce que les conditions de son entretien soient assurées ». Ce qui aurait bien pu être le cas dans les arrondissements nettoyés lundi soir.

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Delphine Bürkli, maire Horizons du 9e, invitée à postuler ” principe de solidarité « dans les arrondissements dépendant des grévistes avec la mise en place de » bennes d’entreprises privées présentes à Paris pour ramasser les déchets. Ce qui implique ” que les horaires de collecte soient réorganisés et orientés pendant 48 heures vers les arrondissements les plus impactés “.

Pour défendre sa proposition, l’édile philippiste met en avant « la grave atteinte à l’assainissement et à la santé publique dans la capitale ». Un argument souvent entendu ces derniers jours, alors que les craintes sanitaires grandissent à mesure que les déchets s’accumulent sur la voie publique.

De son côté, Rachida Dati souhaite plutôt que ” l’Etat prend ses responsabilités à cause de la défaillance de la maire de Paris et de l’irresponsabilité d’Anne Hidalgo et de ses adjoints », mais elle a aussi mis en cause la responsabilité des grévistes : « Le droit de grève met-il les autres en danger ? Mettre en danger la santé et la sécurité “, tout en reconnaissant que le ” les éboueurs sont dans leur droit le plus légitime “.

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Grève renouvelée

Dans le 6e arrondissement de Paris, lui aussi en partie nettoyé de ses déchets lundi soir, Jean-Pierre Lecoq, maire LR encore de l’arrondissement, avait déjà alerté le 10 mars sur les risques sanitaires croissants. ” La crise récente nous oblige et nous conduit à la prudence », a-t-il écrit en référence au Covid-19.

En réponse, la mairie de Paris, par la voix de son premier adjoint Emmanuel Grégoire, avait assuré lundi que « les interventions sont priorisées pour la sécurité publique : déblaiement des marchés alimentaires, retrait des sacs poubelles au sol, sécurisation des cheminements piétons “, tout en indiquant que ” la situation va rester compliquée dans les prochains jours “.

Interrogé par des journalistes mardi, le premier adjoint s’est voulu rassurant, affirmant que la Ville « met en place des mesures palliatives pour gérer les points d’urgence absolue » et “c’est plus que le service minimum qui est fourni”. Pas sûr que cela suffise, sachant que les éboueurs et agents de propreté de la Ville de Paris ont ” voté pour prolonger la grève jusqu’au 20 mars au moins ». Dans le même temps, quelque 6 600 tonnes de déchets ont été recensées dans la capitale au 9e jour de grève.

Voir aussi sur Le Huff Post :

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