Chaque jour, une personnalité s’invite dans l’univers d’Élodie Suigo. Cette semaine, Julien Clerc, auteur, compositeur et interprète est l’invité exceptionnel du Monde d’Élodie. Il revient sur les moments forts de sa carrière à travers cinq de ses chansons cultes.
Julien Clerc, c’est un demi-siècle de chansons, de concerts, d’amour d’un public fidèle désormais composé de plusieurs générations qui sont tombés sous le charme de l’artiste qu’il est. C’est raconté toute cette semaine à travers cinq épisodes, cinq titres devenus incontournables. Après avoir sorti un 26ème album : terrienJulien Clerc est en tournée acoustique avec le spectacle Jours heureux dans lequel il reprend des chansons d’artistes comme Barbara, Bécaud et Trenet.
franceinfo : Être terrien, c’est avant tout réussir à garder les pieds sur terre. Les avez-vous toujours gardées pendant toute cette période ou parfois, avez-vous un peu perdu pied ?
Julien Clerc : Rarement. Il y a eu des moments où j’ai semblé difficile et désagréable, surtout à la télévision. C’est Michel Drucker qui m’a dit ça un jour, mais c’était plus pour des questions de perfectionnisme. Alors c’est vrai, il y a peut-être eu des moments où j’étais moins agréable que d’autres. Mais sinon, j’avais toujours les pieds sur terre la plupart du temps.
Vous êtes né Paul-Alain Leclerc, dans le 19e arrondissement de Paris. Votre père travaillait à l’Unesco. D’une part, votre mère vous a fait découvrir Brassens et Piaf, d’autre part, votre belle-mère, claveciniste, vous a fait découvrir la musique classique. C’est ce dernier qui vous a mis au piano dès l’âge de six ans, qui vous a emmené sur les Champs-Elysées. C’est là que vous aurez votre premier choc auditif et votre premier béguin.
C’est quelque chose qui s’appelle les Musigrains. C’était une dame qui était derrière une table d’orateur sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, derrière elle, une symphonique. Elle a pris un compositeur, nous a raconté sa vie, son œuvre, et cela a été illustré par l’orchestre symphonique derrière elle. C’était une découverte pour le redoutable classique.
Ce qui est surprenant, d’ailleurs, c’est que vous ayez été baigné dans la musique par l’intermédiaire de vos parents.
Mes mères, parce que mon père n’entendait rien.
Mais en même temps, ils étaient très sceptiques à l’idée qu’on puisse embrasser ce métier d’« acrobate ».
Oui, mais c’est normal ! Surtout ma mère qui venait d’un milieu ouvrier. Elle adorait les chanteurs, mais en même temps, au fond, pour faire simple, elle aurait préféré que je sois avocat ou médecin.
“Mon père, qui lui avait donné des études très savantes depuis qu’il était normalien, a été étrangement beaucoup plus compréhensif que ‘mes mères’ quand je lui ai dit que j’avais décidé d’être musicien.”
Julien Clercchez franceinfo
Tout a changé place de la Sorbonne, au Café de l’Écritoire. Vous y passez plus de temps qu’en cours d’anglais. Avez-vous compris très vite que la musique allait et devait faire partie de votre vie ?
Disons que c’est arrivé deux fois. Les mères m’avaient fait jouer du piano, enfin ma belle-mère avec l’accord de ma mère bien sûr, et j’avais arrêté à 13 ans. Et Dieu merci, vers 16 ou 17 ans, j’y suis retourné seul, à ce piano. Et c’est là, je crois, que j’ai inventé mes premières mélodies. Et la deuxième expérience très importante, c’est quand j’ai chanté. J’étais en vacances en Corse avec un ami. Des musiciens débarquaient et ils n’avaient pas de chanteur. Ils sont venus à l’endroit où tous les jeunes se réunissent à Calvi et ont demandé s’il y avait quelqu’un qui chantait. Alors là, c’est incroyable, je me suis dit : si je peux chanter. Et le soir même, j’ai chanté et j’ai vu que ma voix ne laissait personne indifférent. Alors là, j’ai commencé à inventer de la musique et puis à un moment donné j’ai dû trouver des paroliers parce que je n’en avais pas.
Il s’appellera Étienne Roda-Gil. Votre premier 45 tours est sorti le 9 mai 1968, La cavalerie. Comment avez-vous vécu ce succès, cet intérêt incroyable ?
Moi, que me reste-t-il de toute cette aventure de La cavalerie, ce sont deux choses. D’un côté, on part en plein mai 68 et il y a la grève, notamment dans cette Maison de la Radio et de la Musique. Et la grève fait passer les chansons sans être annoncées ou inopinées. Je pense que je vais dépenser beaucoup, notamment sur France Inter. Et d’autre part, ce qui reste est une chose sentimentale :
“Quand j’ai mis les écouteurs sur mes oreilles et que j’ai entendu ma musique jouée pour la première fois par quelqu’un d’autre que moi au piano, ce fut une émotion qui ne s’est jamais répétée.”
Julien Clercchez franceinfo
Il y a un titre qui s’impose, c’est Ce n’est rien. Que représente cette chanson pour vous ?
J’ai compris la chanson, comme souvent avec Etienne, plus tard. Quand je reçois un texte, j’ai tout de suite un réflexe de musicien : Quelle musique vais-je mettre dessus ? Je cherche donc un crochet. Si vous voulez, je vois grosso modo ce que veut dire le texte, ce qu’il dit, aujourd’hui j’ai des textes plus simples, mais du temps d’Etienne, le sens ne m’est pas venu tout de suite. . Alors j’ai appris plus tard que ce n’était pas une chanson si joyeuse, c’était une chanson qu’il avait écrite parce qu’une personne de la famille de sa femme, Nadine, était décédée et alors il a écrit : “Ce n’est rien, vous le savez bien, le temps passe, etc.“Je ne l’ai su qu’après.
Julien Clerc sera, entre autres, le 4 mars 2023 à Vittel, le 9 mars à Gap, le 18 mars au Cap d’Agde, le 25 avril à Boulogne-Billancourt, le 6 avril à Bollène, le 29 juin à Bayonne , le 30 juin à Bouillargues etc…