Àvec la crise que nous vivons à l’hôpital, notre quotidien nous oblige à faire plus avec moins de moyens. Alors soyons innovants ! Le vieillissement de notre population, qui est une opportunité sans précédent dans notre histoire, nous y oblige. L’exemple de la prise en charge des patients âgés atteints de cancer est très illustratif des maux de notre stratégie de santé.
Avec un système cloisonné, où les parcours de soins riment trop souvent avec une succession d’actes de soins, sans capacité intégrative, la complexité croisée des maladies cancéreuses, de leurs traitements, et de l’âge, conduit à un manque d’efficacité. Avec son lot de souffrances pour nos patients. Environ 60 % des cancers surviennent après 65 ans et 30 % après 75 ans. Étant un peu caricatural, on peut dire que le cancer est une maladie de l’âge.
Or, la personne âgée nécessite par nature une approche individualisée et intégrative (médico-psycho-sociale) de sa prise en charge. C’est vrai à tout âge, mais c’est impératif pour nos aînés. Notre système de santé, bâti sur le culte de la médecine dite « d’organe », de la survalorisation de la médecine technique, manque de sa capacité à réformer son organisation pour s’adapter au défi du vieillissement et de la chronicisation des maladies. Et le cancer représente un modèle en soi, pour que nous, acteurs de soins, modifions nos pratiques et, au-delà, notre culture en santé.
Construire un parcours de vie adapté
Actuellement, la vision curative et exclusive est encore trop marquée, alors que les enjeux de qualité de vie et d’autonomie sont désormais au moins aussi importants. Vouloir guérir à tout prix n’est pas compatible avec les spécificités du vieillissement. De plus, l’âge civil n’est pas un critère suffisant, à lui seul, pour décider de ne pas traiter un patient avec une ambition de guérison. C’est pourquoi, depuis de nombreuses années, les spécialités d’oncologie gériatrique ont appris à travailler ensemble, afin de définir les stratégies les plus pertinentes basées sur une évaluation holistique à proposer au patient (qui décide en dernier ressort). Si cette coopération est efficace, elle est aujourd’hui confrontée à la difficulté de terrain du manque d’organisation intégrative de notre système de santé.
Les recommandations du think tank PAC (Age Cancer Priorities) sont faites pour répondre à ce défi. Le premier est de repenser la coopération des professionnels dans le parcours de soins en généralisant le repérage des patients fragiles par cette évaluation gérontologique médico-psycho-sociale systématique. La deuxième recommandation est justement de construire un parcours de vie adapté au patient âgé atteint de cancer, en positionnant les professionnels de la coordination au cœur du dispositif. Les infirmières en pratique avancée (APN), profession nouvelle, seront les acteurs clés de cette mission.
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