La coopérative sucrière Tereos, touchée par la flambée de l’énergie et des matières premières, décharge trois usines en France

Nouvelle restructuration dans le secteur sucrier français. La coopérative Tereos, connue pour ses marques La Perruche et Béghin Say, a annoncé mercredi 8 mars sa décision de se séparer de trois usines. Deux seront fermées, en l’occurrence la sucrerie d’Escaudoeuvres, dans le Nord, et la distillerie des Morains, dans le Val-des-Marais, dans la Marne, avec respectivement 123 et 26 emplois supprimés. Le troisième, le site de féculerie de pommes de terre d’Haussimont, également dans la Marne, cherche un repreneur.

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Cette décision stratégique intervient alors que Tereos, avec un chiffre d’affaires 2021-2022 (fin mars) de 5,1 milliards d’euros, tente de redresser ses comptes. Une opération délicate. Sa dette nette a encore augmenté de 22 %, sur les neuf premiers mois de son exercice 2022-2023, à 2,9 milliards d’euros. Le groupe, dont les revenus sont en forte croissance, a prévenu que sur l’ensemble de l’année la dette sera supérieure à celle de l’année précédente. En cause : la forte hausse du coût des matières premières et de l’énergie, qui a entraîné une augmentation du besoin en fonds de roulement.

Crise de gouvernance

Or, c’est justement ce lourd endettement qui avait provoqué une crise de gouvernance sans précédent à la tête du géant sucrier, qui fédère 12 000 agriculteurs en France. Après un long bras de fer, des coopérateurs menés par Gérard Clay avaient forcé le départ, en décembre 2020, des dirigeants historiques, critiqués pour leur politique de développement jugée risquée.

Depuis, M. Clay a assumé les fonctions de Président du Conseil de Surveillance de Tereos, mais deux PDG se sont succédé. Le troisième, Jorge Boucas, nommé après les deux évictions, qui dirigeait la coopérative laitière Sodiaal, prendra ses fonctions en avril. Sa feuille de route est tracée. “Il lui appartiendra d’achever le redressement du groupe coopératif, de déployer au plus vite le plan de décarbonation face aux enjeux énergétiques qui touchent notre industrie et de proposer de nouvelles orientations de croissance au Conseil d’administration”, dit Tereos.

L’objectif fixé par la nouvelle direction était de ramener la dette sous la barre des 2 milliards d’euros d’ici 2024. Tereos a déjà cédé son activité amidonnière en Chine, alors séparée de sa filiale au Mozambique et d’une sucrerie en Roumanie. Le couperet tombe désormais sur la France.

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L’enjeu est de saturer au maximum les usines pour augmenter la rentabilité d’outils très consommateurs de ressources financières. D’autant que cette industrie lourde doit se décarboner. Cependant, la sucrerie d’Escaudoeuvres a nécessité peut-être plus d’investissements que d’autres. En avril 2020, la rupture d’une digue de cette usine, qui retenait les eaux de lavage des betteraves, a entraîné une pollution de l’Escaut. Tereos a été condamné en janvier à verser 9 millions d’euros de dommages et intérêts.

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