Le nouveau lanceur léger européen Vega-C, qui devait effectuer son premier vol commercial avec à son bord deux satellites Airbus, a été perdu après son décollage de Kourou, en Guyane française, mardi 20 décembre. Cet échec inflige un revers à une Europe spatiale fragilisée.
Dix minutes après le décollage, à 22h47 heure locale, la trajectoire du lanceur dévie de celle programmée, puis la télémétrie cesse d’atteindre la salle de contrôle du centre spatial de Kourou.
“La mission est perdue”a déclaré le président d’Arianespace, Stéphane Israel, du Centre Spatial Guyanais. “Environ 2 minutes et 27 secondes après le décollage, une anomalie s’est produite sur le Zefiro 40”le deuxième étage du lanceur, “mettant ainsi fin à la mission Vega-C”a déclaré la société responsable de son exploitation, dans un bref communiqué de presse.
“Je suis tellement désolé d’entendre cela. Les petits lanceurs sont beaucoup plus compliqués que la plupart des gens ne le pensent », a tweeté Peter Beckpatron du mini-lanceur Rocket Lab.
Je suis désolé d’entendre ça. Un petit lancement est bien plus difficile que la plupart des gens ne le pensent. Je suis sûr que l’excellente équipe Vega reviendra… https://t.co/imFyVqzA2v
La fusée devait placer deux satellites d’observation en orbite
Arianespace a noté qu’il n’y a pas eu de retombées de débris après le décollage du lanceur européen, sous maîtrise d’œuvre italienne.
« Des analyses de données sont en cours pour déterminer les raisons de cet échec », ajoute Arianespace. Un point presse est prévu mercredi à Kourou, à midi (16 heures à Paris).
La fusée Vega-C devait mettre en orbite deux satellites d’observation de la Terre construits par Airbus, Pléiades Neo 5 et 6, les deux derniers de la constellation Pléiades Neo destinés à permettre d’imager n’importe quel point du globe plusieurs fois par jour avec une résolution de 30 centimètres.
Initialement prévu le 24 novembre, ce vol avait été reporté d’un mois en raison d’un élément lanceur défectueux. “Nous avons dû changer d’équipements liés à la coiffure”M. Israël a déclaré à l’Agence France-Presse.
Premier vol commercial
Il s’agissait du premier vol commercial de Vega-C après son lancement inaugural réussi le 13 juillet, marquant l’introduction de la nouvelle famille de lanceurs européens.
Vega-C est présenté comme la petite sœur de la future Ariane-6, dont il utilise des éléments communs pour permettre à l’Europe d’être plus compétitive dans un marché des satellites en plein essor.
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Vega-C – C pour Consolidation, selon son maître d’œuvre industriel, l’italien Avio – est une version améliorée du lanceur léger Vega, tiré vingt fois depuis 2012. Ce dernier avait essuyé deux échecs : l’un en novembre 2020, dû à un problème de fabrication du lanceur, s’est replié à la mer après s’être disloqué dans l’atmosphère, l’autre, à l’été 2019, suite à un échec qui avait conduit à sa destruction, par précaution.
L’ESA, obligée de se tourner vers SpaceX
Ce nouvel échec est un revers majeur pour l’Agence spatiale européenne (ESA), responsable des programmes de lanceurs européens, alors que la concurrence mondiale fait rage sur le marché des lancements, avec l’américain SpaceX en tête.
La fusée Ariane-6 est le moteur principal de la riposte, mais le report à fin 2023 du vol inaugural, initialement prévu en 2020, a pénalisé l’ESA, qui compte vingt-deux États membres.
L’Europe de l’espace est, par ailleurs, fragilisée par l’invasion de l’Ukraine, qui a mis fin à sa coopération spatiale avec la Russie et privé la base spatiale européenne de Kourou des lancements de satellites par des fusées Soyouz. L’ESA a ainsi été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques. Le lancement de Vega-C était le cinquième et dernier de 2022 pour le port spatial européen de Kourou.