La K-pop, ce “sweet power” qui a conquis la jeunesse française

Une rencontre peut changer le cours d’une vie. Ancienne étudiante en psychologie, Inès Zarrouga n’a pas été épanouie. Puis elle a découvert la K-pop : « J’ai osé arrêter mes études, car j’ai un objectif maintenant. Je travaille comme préparateur de commandes pour un supermarché en ligne. Quand j’aurai économisé assez d’argent, je déménagerai en Corée du Sud. »

En attendant, la jeune femme de 19 ans traîne au Joueur de flûte de Pan à Paris. Mi-novembre, cette ancienne halle aux fleurs reconvertie en espace événementiel accueillait le K-pop Fest. Inès a acheté “une version coréenne du Petit Prince, avec des explications en français sur la traduction des phrases et la grammaire”. Entièrement consacré à la pop culture coréenne, le festival a attiré des centaines de jeunes venus de toute l’Ile-de-France.

A l’entrée, un groupe de filles reproduit les chorégraphies de leurs stars préférées. Dans l’auditorium, on crie autour d’un norabang géant (“karaoké”). A l’étage, on s’arrache étuis, porte-clés, tote bags, cosmétiques et toutes sortes de gadgets K-pop. Malgré un aller-retour de trois heures, Adjara Diarra, 26 ans, a fait le déplacement depuis l’Essonne pour assister à ce rendez-vous annuel. L’assistant médical utilise du maquillage coréen, des robes “neutrement, à la manière de Séoul”et va occasionnellement à Paris, juste pour aller au restaurant coréen.

Immersion linguistique

Installée sur un tapis Twister où les visages des membres du boys band sud-coréen MCND font office de pastilles de couleur, Melissa Benneouala, 21 ans, raconte que la K-pop lui a sauvé la vie, notamment avec Je me battraidu chanteur Key : “Quand cette chanson est sortie, j’étais déprimé, j’avais des pensées suicidaires. Cet hymne à la vie, qui incite au combat, m’a aidée à tenir le coup. »

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Cette percée fulgurante dans la culture coréenne a un nom : Hallyulittéralement “vague coréenne”. “Il regroupe une grande variété de produits – K-pop, K-dramas, K-films, manhwas [bande dessinée coréenne] − dont le seul point commun, aux yeux du profane, est d’être produit en Corée du Sud et de connaître un succès mondial, notamment auprès des jeunes »nous lisons dans K-pop, soft power et culture mondiale (PUF, 314 pages, 22 euros). Pour les auteurs du livre, Vincenzo Cicchelli et Sylvie October, la Hallyu est l’un des phénomènes culturels majeurs du début du 21èmee siècle : « Reflet de la modernisation rapide de la société sud-coréenne, la vague culturelle pop du pays du Matin-Calme a conquis le monde en à peine trente ans, balayant l’hégémonie des États-Unis sur l’ensemble de la pop culture. » En 2018, selon une enquête menée par la Korea Foundation, il y avait dans le monde plus de 89 millions des fans de la Hallyuavec une augmentation de 22% en un an, et 1 843 fan clubs en dehors de la Corée du Sud, dans 113 pays différents.

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