Cruelle fin d’année et surtout sombres perspectives pour l’Europe dans l’espace. Son ambition de rester dans la course face aux Américains et aux Chinois est sérieusement remise en cause après l’échec du lancement de sa nouvelle fusée Vega-C. Mardi 20 décembre, deux minutes et vingt-sept secondes après avoir décollé de la base de Kourou en Guyane française, ce lanceur qui devait mettre en orbite deux satellites d’observation Airbus Pléiade a quitté sa trajectoire en raison d’une baisse de pression de son deuxième étage. Selon la procédure habituelle, l’ordre de détruire cette fusée fut alors donné. Les débris sont tombés dans l’océan Atlantique sans faire de victimes.
Une commission d’enquête indépendante sera mise en place, a indiqué le président exécutif d’Arianespace, Stéphane Israël. Elle aura “la responsabilité de mettre en évidence la cause de la panne et de proposer des actions correctives solides et durables pour assurer un retour en vol sûr et fiable de Vega-C”a-t-il précisé. “Nous assumons l’entière responsabilité de cet échec”, a pour sa part reconnu Giulio Ranzo, le patron de l’italien Avio, maître d’œuvre industriel de cette fusée.
Cet échec fragilise Arianespace, qui risque de se retrouver plusieurs mois sans lanceur pour honorer ses contrats commerciaux. Jusqu’au début 2022, la firme européenne disposait d’une gamme de trois fusées, dont deux européennes : la petite Vega, pour les satellites légers en orbite basse entre 300 et 2 000 kilomètres de la Terre, et sa grande sœur Ariane 5, pour les charges lourdes à transporter. placé géostationnaire à 36 000 kilomètres. Elle a complété son offre avec des lanceurs russes Soyouz en orbite basse, indispensables pour répondre à son carnet de commandes.
Écart
L’année 2022 devait être celle du renouvellement de la gamme avec la mise en service de Vega-C, plus performant que le modèle précédent, et d’Ariane 6, lanceur polyvalent capable de couvrir aussi bien l’orbite basse que la géostationnaire, à des prix de 40% à 50 % inférieures à celles d’Ariane 5 pour être compétitives avec les fusées Falcon lancées par Space X, la firme d’Elon Musk. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
A commencer par Soyouz. Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février, Moscou décide d’arrêter toute collaboration avec l’Europe et les équipes russes quittent Kourou. Plus de lancement de roquettes. Il est impossible pour Arianespace de transférer les satellites prévus pour les missions Soyouz vers Vega-C, le plan de charge étant complet. Les clients privés se sont alors tournés vers d’autres sociétés de lancement. Ainsi, pour continuer à déployer sa constellation de satellites diffusant Internet haut débit, le français OneWeb a choisi l’américain SpaceX mais aussi l’indien NewSpace India Limited.
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