La publication des résultats annuels du CAC 40 touche à sa fin, et la “récolte” 2022 a été exceptionnelle. Trente-huit des quarante sociétés de l’indice phare de la Bourse de Paris ont réalisé un bénéfice net cumulé de 152 milliards d’euros, soit quelque 15 milliards de plus que l’année précédente, déjà historique.
Seuls Renault et Vivendi ont subi une perte. Celle du constructeur s’élève à 338 millions d’euros, en raison de 2,3 milliards de dépréciation de sa filiale russe AvtoVAZ, vendue pour un rouble symbolique ; celle du groupe de médias, à 1 milliard, après ajustement de la valeur de ses actions Telecom Italia. Il faudra attendre mai pour connaître les résultats du constructeur ferroviaire Alstom, et l’été pour ceux de Pernod Ricard, leurs exercices étant décalés.
Ces avantages sont sans précédent, notamment pour les poids lourds de la place parisienne. Dans un pays où les citoyens sont plus critiques à l’égard du capitalisme qu’ailleurs, leur publication et l’annonce de généreux dividendes vont susciter protestations et polémiques, surtout en période de fortes tensions sociales autour du pouvoir d’achat et de la réforme des retraites.
Ainsi, TotalEnergies a affiché 19,5 milliards d’euros de bénéfice (après 16 milliards de dépréciations sur la Russie), le constructeur automobile Stellantis 16,8 milliards, le numéro un mondial du luxe LVMH 14,1 milliards, BNP Paribas 10,2 milliards, et le géant pharmaceutique Sanofi 6,72 milliards. . C’est pourtant une société non cotée, l’armateur CMA CGM, détenu aux trois quarts par la famille Saadé, qui arrive en tête, avec 23,5 milliards d’euros, du jamais vu dans l’économie française.
Cette santé éclatante a eu une conséquence inimaginable avant le Brexit. « Pour la première fois, la capitalisation boursière de Paris a dépassé celle de Londresnote Pascal Quiry, professeur de finance à HEC et co-fondateur du site spécialisé Vernimmen.net. Ces résultats sont sains car les entreprises sont très peu endettées et leurs taux de marge [résultat d’exploitation sur chiffre d’affaires] se situent à l’extrémité supérieure de la fourchette de 8 % à 13 %. »
Activité très soutenue
Pourtant, la situation s’annonçait mauvaise en ce début d’année. Les prix de l’énergie, qui avaient commencé à augmenter à l’automne 2021, se sont envolés depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022. Les pénuries de composants et de main-d’œuvre n’ont été que partiellement résolues et les chaînes d’approvisionnement sont restées perturbées. Quant aux banques centrales, elles ont relevé leurs taux directeurs pour freiner l’inflation. L’année s’achève sur une baisse de 9,5% du CAC 40, avec un point bas atteint fin septembre, à 5 676 points. Depuis cinq mois, il remonte et tangente son record historique de 7.400 points.
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