Meilleur gérant européen dans la catégorie des établissements gérant une gamme comprise entre 71 et 100 fonds, Lazard Frères Gestion conserve le titre qu’il avait déjà conquis en 2022. La société de gestion aux 35,9 milliards d’euros d’actifs sous gestion à fin 2022, un filiale du groupe américain Lazard, a également remporté un trophée Fund Class pour sa performance à long terme.
Après avoir bien performé en 2022, dans un contexte marqué par une baisse conjointe des marchés actions et obligataires, l’équipe reste très prudente pour 2023. “Nous pensons que l’année va être très compliquée, prévient Matthieu Grouès, directeur de la gestion institutionnelle de l’entreprise. Nous venons de sortir d’un cycle économique très long marqué par une baisse des taux d’intérêt, qui a soutenu les marchés. Nous partions donc, début 2022, de niveaux de valorisation très élevés et nous estimons que certaines catégories d’actifs n’ont pas encore suffisamment baissé, dont les actions. »
Pour naviguer dans cet environnement complexe, la maison privilégie une gestion souple. Il s’appuie sur les résultats de son fonds patrimonial Lazard Patrimoine SRI, qui a su préserver le capital de ses souscripteurs en 2022 (+0,3%) alors que son indice de référence perdait plus de 16%.
Parmi les convictions qui ont porté leurs fruits l’an dernier : sensibilité négative sur la part obligataire. Explication : l’année 2022 a été marquée par la hausse des taux d’intérêt, un phénomène qui fait mécaniquement baisser les prix des obligations. La sensibilité mesure précisément l’ampleur de la baisse d’un titre ou d’un portefeuille lorsque les taux augmentent de 1 %. Le gérant peut utiliser différentes techniques pour réduire la sensibilité du fonds, voire être en sensibilité négative et ainsi éviter cet impact.
Identifier les points d’entrée du marché
Aujourd’hui, les corrections ne sont pas complètes sur les différents marchés, anticipent les dirigeants de Lazard Frères Gestion. D’où la nécessité d’être agile tout au long de l’année pour gérer son allocation entre dette publique, dette corporate ou encore actions.
“Au cours des quinze prochains mois, il va y avoir des points d’entrée sur le marché”, estime Matthieu Grouès. La difficulté est de les identifier. La hausse des taux n’est pas terminée. Cependant, ce n’est que lorsque les taux d’intérêt auront atteint leur maximum que nous entrerons dans un cycle plus favorable à l’investissement.
Même prudence de la part investie en actions, d’autant plus que les marchés ont fortement rebondi depuis le début de l’année. Mais, pour Lazard Frères Gestion, une nouvelle baisse semble inéluctable. “Statistiquement, nous n’avons jamais vu de point bas sur les marchés actions avant l’entrée en récession”, souligne Matthieu Grouès. Cependant, ses équipes anticipent une récession liée à la lutte menée par les banques centrales contre l’inflation. C’est pourquoi, au sein du fonds Lazard Patrimoine ISR, la part actions n’est que de 4% actuellement, alors qu’elle peut monter jusqu’à 40%.