Le contournement de Rouen, cas emblématique de projets contestés pour leur impact environnemental

Les pelleteuses ne sont pas encore en action, mais le projet de contournement Est de Rouen suscite déjà une opposition virulente. Comme des dizaines de projets routiers et autoroutiers, celui de Rouen est ancien, gros consommateur de terres agricoles, et devrait coûter cher aux finances publiques. Deux autoroutes, l’A133 et l’A134, devraient permettre de relier l’A28 (Abbeville-Tours) au nord avec l’A13 (Paris-Caen), et l’A154, à laquelle il faut ajouter une barre routière reliant cette rocade sud -à l’est de l’agglomération rouennaise et de son importante zone portuaire située sur la Seine. Au total, 41,5 kilomètres pour cette nouvelle infrastructure de deux fois deux voies, dont l’accès sera payant, avec neuf échangeurs prévus, un grand nombre de viaducs et de tranchées dont certaines seront couvertes. Et environ 500 hectares seront artificialisés. La mise en service est annoncée pour 2024.

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Le projet est ancien, datant d’une quarantaine d’années, mais sa déclaration d’utilité publique (DUP) date de fin 2017. Depuis, le feu vert a été donné le 19 novembre 2020 par le Conseil d’État, qui a rejeté les recours formés. , notamment par le groupe Non à l’autoroute A133-A134 et des élus hostiles au projet.

Damien Adam, député (Renaissance) de Seine-Maritime, juge pour sa part que le projet permettra “pour développer la métropole et réduire la pollution de l’air”. Il n’y voit aucune contradiction avec l’objectif « zéro artificialisation nette », c’est-à-dire l’engagement du gouvernement, pris dans la loi climat et résilience d’août 2021, de ne plus consommer les terres agricoles ou naturelles d’ici 2050. « Pour 1 hectare pris, il faudra « renaturer » 3 hectares, ce qui permettra de réhabiliter des friches. Et on peut inciter les acteurs économiques à s’installer sur des terrains peu attractifs »insiste Daniel Adam.

Des propos relayés par le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la Métropole Rouen-Normandie, Vincent Lauda, ​​soutien très actif du projet : « C’est la dernière liaison autoroutière entre l’Europe du Nord et l’Espagne. Il faut absolument désengorger la ville, et soutenir l’activité du port de Rouen, premier port céréalier d’Europe. »

Son coût estimé à un peu plus d’un milliard d’euros, selon les données de 2015, sera assuré à 45 % par le concessionnaire, le reste étant partagé entre l’État (245 millions d’euros) et les collectivités locales. Problème, la ville de Rouen, dont le maire (PS), Nicolas Mayer-Rossignol, est hostile au projet, s’est retirée en 2022 et le département de l’Eure, concerné par le projet, ne souhaite pas y contribuer. Pour éviter un trou de financement, la région et le département de Seine-Maritime ont augmenté leurs contributions de 157 à 205 millions d’euros pour le premier et de 22 à 40 millions d’euros pour le second.

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