Le débat sur la fermeture des petites maternités relancé par l’Académie de médecine

Les maternités ferment depuis quarante ans. Face à la crise aiguë de la démographie médicale, faut-il accélérer le mouvement ? La question récurrente fait à nouveau parler de lui depuis une dizaine de jours – et l’adoption par l’Académie nationale de médecine, début mars, d’un rapport sur “Planifier une politique de la périnatalité en France” porté par Yves Ville, chef de la service d’obstétrique de l’hôpital Necker à Paris, et une quinzaine d’autres académiciens.

Rendu public alors que de nombreuses petites structures – comme à Guingamp (Côtes-d’Armor), Autun (Saône-et-Loire) ou Sedan (Ardennes) – se mobilisent pour rester ouvertes, le document a jeté un pavé dans la mare jugeant “illusoire de soutenir” maternités réalisant moins de 1 000 accouchements par an.

Sur un total de 471 maternités réparties sur le territoire – dont 452 en métropole – 111 sites sont mis à l’honneur : structures de niveau 1 (sur une échelle de trois), prenant en charge les grossesses sans risque, presque toutes situées en le “diagonale géographique du vide”, et tous ou presque tous en situation de “sévère tension démographique”. “80% de ces maternités ferment de façon erratique, ont recours à l’intérim massif et à des listes de gardes clairsemées”, fait valoir le docteur Ville, défendant un changement d’échelle “au nom de la sécurité de la mère et de l’enfant”.

“Mesures d’attractivité”

Le rapporteur recommande “regroupements”avec un transfert de moyens et de ressources humaines des maternités de niveau 1 vers les niveaux 2 et 3. “Il n’est pas question de condamner tous ces sites, il a dit, le suivi avant et après la grossesse pourrait toujours y être assuré, mais les femmes n’y accoucheraient plus. »

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De nombreux élus, associations ou syndicats de soignants rappellent que les maternités en France étaient trois fois plus nombreuses il y a quarante ans. Que le “seuil de fermeture” invoqué n’a cessé d’évoluer, passant, au fil des années, de 300, à 500, et aujourd’hui à 1 000 livraisons. Ou que la sécurité ne va pas de soi dans le “usines à bébés”. Cette question refait surface alors que de nombreuses sociétés savantes alertent sur la situation alarmante du système de soins périnataux, et la hausse du taux de mortalité infantile..

« Ce rapport a le mérite de souligner la qualité des soins en salle d’accouchement, salles d’accouchement qui deviennent de véritables déserts médicaux », réagit Joëlle Belaisch Allart, présidente du Collège national des gynécologues-obstétriciens français. « Mais la fermeture des maternités résoudra-t-elle le problème de l’attractivité de nos métiers ? Je doute “, nuance ce médecin, défendant “mesures d’attractivité” financement et amélioration des conditions de travail.

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