Le nord-est de l’Italie subit une sécheresse précoce

Des gondoles échouées dans des canaux asséchés à Venise… L’image spectaculaire a largement circulé. Causé par les marées basses qui affectent la ville en cette saison et accentué par les fortes pressions anticycloniques auxquelles les Vénitiens sont habitués, le phénomène n’est cependant pas lié à la sécheresse persistante qui touche le nord-est de l’Italie.

Un déficit hydrique, cette année dans le pays, qui, selon de nombreux spécialistes, n’a jamais été aussi précoce. “Il manque au moins 30% de pluie par rapport aux saisons précédentes”, note Andrea Crestani, directeur de l’Association nationale pour la bonification des terres et l’irrigation (ANBI) pour la Vénétie.

Marée basse à Venise (Italie), le 18 février 2023.

Avec le faible manteau neigeux en amont, l’équation devient particulièrement délicate. “Décembre a été un mois prometteur, mais janvier et février ont eu très peu de neige et les températures ont été particulièrement douces, poursuit M. Crestani. Dans l’arc préalpin des Dolomites, qui concerne le Frioul-Vénétie Julienne, le Trentin-Haut-Adige et la Vénétie, nous avons un déficit de plus de 4 milliards de mètres cubes d’eau. »

Une stratégie de planification de l’eau

Selon les relevés pluviométriques de l’agence régionale de prévention et de protection de l’environnement (Arpav), seuls 0,5 millimètres de pluie sont tombés en Vénétie au cours de la première quinzaine de février, alors que la moyenne saisonnière est d’ordinaire de 60 millimètres. L’inquiétude est forte à quelques semaines du début de la saison agricole. “Les fleuves n’ont plus de débit, poursuit le directeur de l’ANBI, et les nappes phréatiques sont déjà très basses, après la sécheresse de 2022. Le cadre général est celui d’un fort stress hydrique dans la région, encore pire que celui mesuré l’an dernier à la même saison. »

Le pont Becca, sur le Pô, non loin de Linarolo (Italie), le 21 février 2023.

Cette sécheresse précoce en Vénétie touche paradoxalement une région qui, historiquement, n’a jamais eu de problème d’eau. “Tout notre système d’irrigation est basé sur des canaux qui ont été faits pour rejeter l’eau pluie vers la mer ; aujourd’hui, on assiste à la dynamique inverse, avec l’eau de mer qui s’infiltre dans les terres », s’inquiète Andrea Crestani.

Le 20 février, le Legambiente, principale association environnementale italienne, a fait appel au gouvernement, lui proposant d’adopter d’urgence une stratégie nationale de planification de l’eau. Celle-ci prévoit notamment la construction de réservoirs d’eau de pluie pour l’agriculture, la lutte contre le gaspillage ou le développement d’un modèle agricole moins gourmand en eau, via par exemple des incitations fiscales pour les entreprises développant l’irrigation goutte à goutte. -par goutte.

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