Depuis sept ans, le fossé entre l’Arabie saoudite et l’Iran a placé le Moyen-Orient au bord du gouffre. Les acteurs de la région s’accrochent au ténu espoir de voir les deux puissances ennemies reprendre la parole pour éviter une explosion et régler la série de crises et de conflits alimentés par leur rivalité. A la surprise générale, c’est depuis Pékin que Riyad et Téhéran ont annoncé, vendredi 10 mars, le rétablissement de leurs relations diplomatiques, confirmant ainsi la montée en puissance de la Chine comme acteur stratégique dans la région, sur fond de désengagement américain.
Cette détente, obtenue après plus de deux ans de pourparlers secrets en Irak puis à Oman, pourrait constituer le début d’un tournant géopolitique. L’accord, qui devrait être finalisé lors d’une prochaine rencontre entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, prévoit que Riyad et Téhéran rouvrent leurs ambassades d’ici deux mois et réactivent les accords sécuritaires et économiques qui les lient. Les deux puissances se sont également engagées à ne pas s’immiscer dans leurs affaires intérieures.
“Le retour à des relations normales entre Téhéran et Riyad offre de grandes opportunités pour les deux pays, la région et le monde musulman”a assuré sur Twitter le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian, ajoutant que son ministère serait “lancer d’autres initiatives régionales”renforçant ainsi les spéculations sur d’éventuels progrès sur d’autres questions régionales, notamment le Liban et la Syrie.
امروز در تماسهای régalisation
Le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, Ali Shamkhani, présent à Pékin, a salué pour sa part “la fin des malentendus” et s’est dit confiant que l’accord contribue “pour améliorer la stabilité et la sécurité régionales”. Son homologue saoudien, le conseiller à la sécurité nationale Musaid Al-Aiban, a déclaré “espère poursuivre un dialogue constructif avec l’Iran”basé sur “Principes de bon voisinage”.
Rivalité persistante
Cosignataire de l’accord, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a souligné la ” sagesse “ et le “la sincérité” des deux pays. La réaction de Washington, éclipsée en faveur de la Chine, est plus ambivalente. L’administration américaine a soutenu les pourparlers entre l’Arabie saoudite et l’Iran, sans y être associée. “Il reste à voir si l’Iran remplira ses obligations en vertu de l’accord. Ce n’est pas un régime habitué à tenir parole »a toutefois commenté la Maison Blanche.
“C’est un pas de plus des Saoudiens loin des Américains, alors qu’ils négociaient avec eux des garanties de sécurité. Cela les prive d’influence sur l’Iran », raconte Joseph Bahout, directeur de l’Institut Issam-Fares à l’Université américaine de Beyrouth. La bête noire de Téhéran, les États-Unis voient leur rôle de garant de la sécurité régionale remis en cause par Riyad, qui doute de sa capacité et de sa volonté à contenir l’expansion de l’Iran.
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