“L’enjeu des plateformes de streaming : séduire et recharger un jeune public aujourd’hui attiré par TikTok”

SSans rien demander, les plateformes de streaming ont tapé dans le mille lors de la cérémonie des Césars. C’est Jamel Debbouze, en ouverture de la fiesta le 24 février, qui a évoqué le frère ennemi du cinéma : « Pour 9 euros par mois, vous avez un accès illimité à de très bons films, vous avez des acteurs incroyables, vous pouvez faire une pause et prendre un yaourt. » Sa conclusion ? ” Les salauds… Cette offre est exceptionnelle et nous sommes dans la merde. »

L’humoriste et acteur a pris un malin plaisir à évoquer un danger invisible, alors qu’une bonne partie de la salle Olympia avait sans doute déjà travaillé dans des films ou séries pour Netflix, Amazon Prime, Apple TV, OCS… Ou prévu de le faire. Idem pour la musique, avec Spotify, Deezer, Apple Music… On n’entend presque plus personne dire que les plateformes de streaming payantes sont des ennemies de la culture – à part Amazon, prédateur des librairies –, mais plutôt des membres de la famille, qu’il faut certes réguler. .

Les plateformes tant musicales qu’audiovisuelles sont au cœur d’un dispositif où tout le monde est solidaire et où beaucoup y gagnent, et d’abord le public, expliquent les universitaires Olivier Thuillas et Louis Wiart, dans Les Plateformes à la conquête des industries culturelles (PUG, 168 pages, 20 euros). Jamel Debbouze a raison sur ce point : un mois d’accès à Netflix ne coûte pas plus cher qu’un ticket de cinéma, un mois de musique chez Spotify coûte moins cher qu’un CD. Plus personne n’est surpris. La comparaison est-elle stupide ? Allez l’expliquer au public.

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Et puis, à moins de couper Internet, les plateformes payantes sont la meilleure réponse au piratage, au téléchargement illégal et à la culture ancrée du gratuit. Si le marché de la musique a perdu la moitié de son chiffre d’affaires en vingt ans, passant de 1,5 milliard d’euros en 2002 à 766 millions en 2022, les trois quarts de l’argent proviennent des abonnements numériques, le reste se répartissant entre les CD (en baisse) et les vinyles (en hausse) . Il en va de même pour les films et séries, où la part des Français friands de vidéo à la demande est passée de 33 % à 50 % en seulement quatre ans.

Suppressions d’emplois

La question qui se pose à propos des plateformes payantes ne porte pas tant sur leur existence que sur leur modèle. Vu comme ça, le paysage est moins agréable. Le fait qu’ils soient presque tous déficitaires soulève des questions. Le Spotify suédois domine largement le streaming musical dans le monde. En 2023, elle comptera plus de 500 millions d’utilisateurs, dont près de la moitié payants, mais elle perd de l’argent depuis sa création il y a quinze ans : 430 millions de dollars en 2022. Six cents suppressions d’emplois ont été annoncées en janvier.

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