"L’épopée Vol.1": 9 rappeuses réunies sur la toute première compilation française 100% féminine

Lancé par le label Go Go Go, cet album réunit les rappeuses Turtle White, Yelsha, Ngielix, Nayla, Saturnz et Inayat, prêtes à faire entendre leur voix et à apporter une perspective féminine au rap français.

Neuf rappeurs, douze chansons et un seul mot d’ordre : sororité. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, ce mercredi, le label Go Go Go dévoile le tout premier album collaboratif de rappeuses en France.

baptisé Épique vol.1cet album engagé met à l’honneur neuf rappeuses, dont certaines sont queer, issues d’univers très différents : Yelsha, Ngielix, Turtle White (vu dans l’émission Nouvelle école) Nayla, Saturnz, Inayat, tous repérés via des concours de freestyle organisés sur Instagram.

Dans le but de mettre en avant leur talent mais aussi de faire entendre leur voix sur des sujets tels que les violences sexistes et sexuelles, le patriarcat, la pédophilie, le racisme ou encore l’homophobie, ces neuf rappeuses visent à “dénoncer” leur quotidien et “apporter une touche féminine perspective » dans un environnement où il est encore difficile de se faire une place en tant que femme et en tant que personne issue de minorités de genre.

“On a voulu rassembler tous nos combats dans cet album pour que des femmes ou des personnes non binaires qui s’identifient au féminin se retrouvent dans nos textes”, explique le rappeur Ngielix, au style cloud rap et onirique, lancé dans la musique depuis deux ans.

“La vision de la société doit changer”

Car si les rappeuses sont plus représentées sur la scène musicale ces dernières années, comme Shay, Chilla ou Lala &ce, trop d’artistes féminines émergentes peinent encore à se faire connaître du grand public en France.

Un constat partagé par Yelsha, artiste non binaire, présélectionnée pour participer au tremplin Inouïs au festival du Printemps de Bourges : « Il n’y a pas beaucoup de gens comme nous dans le rap. Si vous n’êtes pas vraiment intéressé par ces artistes émergents, vous ne les connaissez pas », dit-elle.

“J’ai participé à ce projet parce que je crois au pouvoir des représentations. A 15 ans j’aurais aimé pouvoir écouter de la musique comme celle de Ngielix ou Turtle White”, ajoute-t-elle.

Pour Ngielix, l’autre élément qui freine l’émergence des femmes dans le rap est l’image trop masculine que certains auditeurs de rap ont encore aujourd’hui. “Quand tu parles de rap aux gens, ils ont tout de suite l’image de mecs hyper musclés, virils, qui insultent les femmes. Alors que rap, c’est essentiellement ‘rythme et poésie'”, explique le jeune rappeur.

Et d’ajouter : “Il faut que la vision de la société change par rapport au rap et que les gens s’habituent de plus en plus à la présence des femmes dans le rap, car il y en a plein.”

“Il y a de grandes avancées”

Yelsha et Ngielix notent toutefois une évolution de la situation avec la multiplication des initiatives visant à mettre en valeur le talent des rappeuses ces dernières années. En particulier, des concours tremplins voient le jour, comme le dispositif Rappeuses en Libertés ou des programmes de parrainage comme MEWEM.

Fondé en 2018 par la Fédération Nationale des Labels et Distributeurs Indépendants, ce programme accompagne les femmes et les personnes issues des minorités de genre dans leur désir d’entreprendre la musique.

“Il y a de grosses avancées car il y a quelques années on n’arrivait pas à identifier autant de rappeuses sur la scène musicale qu’aujourd’hui. Mais la route est encore longue”, confie Ngielix.

Et Yelsha de conclure : “On sort aujourd’hui un album avec plein de rappeuses donc c’est déjà un grand pas en avant. Et qui sait, peut-être qu’un jour on n’aura pas besoin de dire rap féminin mais juste rap.”

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