Vendre d’abord, avant de trier. Ce réflexe boursier typique en temps de crise a de nouveau frappé les valeurs bancaires européennes mercredi 15 mars, les déboires du Credit Suisse amplifiant la baisse entamée le vendredi précédent avec la chute de la Silicon Valley Bank (SVB). A Paris, BNP Paribas et Société Générale ont vu leur cotation brièvement suspendue dans la matinée, en application de mécanismes automatiques, et cédaient à la clôture respectivement 10,1% et 12,2%, tandis que Crédit Agricole SA perdait 5,2%.
Parmi leurs grands rivaux européens, UniCredit a chuté de 7,5% à Milan, Commerzbank de 9,6% à Francfort. Sur la journée, l’indice européen Stoxx du secteur bancaire a chuté de 8,4 % ; en une semaine, il a fondu de près de 17 %. Et le choc n’est pas resté cantonné aux banques : l’indice CAC 40 a chuté de 3,58 %, sa plus forte baisse depuis près d’un an, les investisseurs se détournant une nouvelle fois des actions pour se réfugier sur le marché des obligations d’État.
La tension financière a conduit le Premier ministre à s’exprimer sur le sujet au Sénat : Elisabeth Borne a jugé que le dossier Credit Suisse était “ sous la juridiction des autorités suisses » et qu’il leur appartenait de veiller à ce qu’il soit « règle », un message que Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, était chargé de transmettre peu après à son homologue bernois. Et le locataire de Matignon d’ajouter, comme l’avait déclaré lundi le même Bruno Le Maire, qu’en France, les banques « ne sont exposés à aucun risque du fait de la faillite de la SVB ».
“Un effet mouton classique”
Bercy n’a fait aucun commentaire officiel sur la situation des établissements de crédit français eux-mêmes et ces derniers sont restés silencieux, appliquant le principe bien établi selon lequel une société cotée ne commente pas les rumeurs ou les fluctuations de son cours de bourse. Dans le secteur, il est néanmoins rappelé que les résultats financiers publiés en février ont été excellents, que la valeur boursière d’une banque est sans rapport avec la solidité de son bilan et que les niveaux de liquidité tels que les ratios de solvabilité sont supérieurs aux exigences fixées. par les autorités de tutelle.
Dans ce cas, pourquoi une telle punition générale sur le marché boursier ? “ Un effet peau de mouton classique »résume Eric Pichet, professeur à Kedge Business School. « Quand il y a une secousse sur un acteur, c’est tout le secteur qui trinque. »
Si les clients des banques sont bien protégés par les mécanismes de garantie des dépôts, ce n’est le cas ni de leurs actionnaires ni de leurs obligataires.
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