L’activité de prélèvements et greffes d’organes a augmenté de 4% en 2022 en France, avec 5.494 greffes réalisées, selon les chiffres annoncés mardi 7 février par l’Agence de la biomédecine (ABM). Pour autant, ces chiffres ne retrouvent pas le niveau d’avant la crise sanitaire, en 2018 et 2019. La hausse reste également plus faible qu’en 2021 (+19,3%). La transplantation a payé un lourd tribut à la pandémie, causant plus de 48 000 années de vie perdues dans le monde, selon une étude menée dans vingt-deux pays, publiée en août 2021 dans Lancet Santé publique.
Cependant, ce chiffre est nuancé par l’ABM « encourageant, compte tenu de la situation difficile vécue par certains établissements de santé ». Confronté fin 2022 à une triple épidémie de Covid-19, bronchiolite et grippe, le système hospitalier souffre aussi d’une désaffection des soignants, autant de tensions qui pèsent sur l’activité de prélèvements d’organes.
“Toutefois, l’Agence reste prudente, tous les efforts consentis par les professionnels de santé, les associations de patients, les administrations hospitalières, les autorités de santé et les sociétés savantes ne permettront pas d’atteindre les objectifs fixés par le plan de transplantation et liés aux attentes des patients, si le la situation hospitalière ne s’améliore pas »prévient le professeur François Kerbaul, directeur du prélèvement et de la transplantation d’organes et de tissus à l’ABM.
« Parlez-en avant de mourir »
Le quatrième plan de greffe (2022-2026) est qualifié d’ambitieux par tous les acteurs. « Nous mobilisons les établissements de santé pour multiplier les greffes et prélèvements de foie et de rein, notamment les dons vivants », ajoute François Kerbaul. On sait que plus l’intervalle de temps entre les deux interventions est court, meilleur est le résultat. De même, la greffe reste le meilleur traitement pour les insuffisants rénaux, sans équivalent même lorsqu’il existe un traitement substitutif, comme la dialyse.
De plus, le nombre de donneurs décédés prélevés sur des tissus (cornée, artères, peau, os, etc.) a également augmenté de 5,5 % à 6 226. En revanche, le taux d’opposition reste élevé, à 33 % en 2022, contre 30 % en 2019, avec de fortes disparités régionales. Malgré les campagnes de communication, seuls 54% des Français se sentent concernés par le don d’organes, selon un baromètre réalisé chaque année par l’ABM (sondage réalisé par l’institut Viavoice auprès de 1 012 personnes en janvier). “Le maître mot pour lutter contre l’opposition au don, c’est d’en parler entre proches, avant la mort”, précise François Kerbaul. La loi dit que nous sommes tous des donneurs présumés d’organes et de tissus, sauf si nous avons exprimé notre refus de notre vivant, en nous inscrivant au registre national des refus ou en ayant informé nos proches. François Kerbaul rappelle que 10 810 patients sont sur la liste d’attente active, c’est-à-dire qu’ils sont immédiatement éligibles à une greffe.