“Si vous ne le portez pas, donnez-le”. L’association Emmaüs détourne le slogan de Vinted, « Vous ne le portez plus ? Vendez-le ». Face à la baisse de qualité des dons qui lui sont faits, l’association, qui vient en aide à 7 000 personnes en France, lance une campagne publicitaire pour inciter les citoyens à vider leurs placards, par un premier geste de générosité.
“Le marché s’est retourné depuis quelques années”, regrette Valérie Fayard, directrice générale adjointe de l’association Emmaüs. Les Français ont découvert des sites de vente en ligne de biens d’occasion, dont Vinted et Leboncoin, pour se débarrasser des objets dont ils ne se servent plus et en tirer profit. Désormais, grâce à ses campagnes, Vinted compte 23 millions de followers en France, son plus grand marché au monde. Leboncoin, filiale du groupe norvégien Adevinta, coté à Oslo, revendique 29 millions d’utilisateurs mensuels.
A force, ces acteurs de la vente en ligne de produits d’occasion font de l’ombre à l’association Emmaüs, dont les 200 salles de ventes d’objets donnés lui assurent 300 millions d’euros de revenus. “La qualité des produits se dégrade”, déplore le directeur général délégué. Désormais, seuls 40% des 320 000 tonnes d’articles donnés chaque année (meubles, vaisselle, vêtements et autres appareils électroménagers) sont propres à la vente, “contre 60% auparavant”croit M.moi Fayard. C’est notamment le cas des rayons vêtements, première catégorie de produits vendus chez Emmaüs, devant le mobilier. « En France, tous les centres de ressources sont confrontés à ce problème »assure-t-elle.
Créer “un électrochoc”
Aujourd’hui, les Français cherchent d’abord à vendre ces objets. Et faute d’avoir trouvé des acheteurs, notamment en ligne, ils « clair à Emmaüs »observe Mmoi Fayard. Ainsi, les bénévoles et accompagnateurs de l’association doivent « mélanger et trier plus de volumes » réaliser un chiffre d’affaires similaire. Avec cette campagne publicitaire conçue par Havas Paris et l’Agence Verte – et diffusée à la télévision et en affichage, dans des espaces médias qui lui sont gracieusement mis à disposition – l’association espère créer “électrochoc” Et “sensibiliser à l’impact de ce comportement censé s’inscrire dans une économie circulaire”.
“Oui, on peut faire autre chose que vendre sur ces plateformes”, juge Valérie Fayard, militante de l’économie sociale et solidaire. Pour “créer le buzz”, l’association publie de fausses publicités sur Vinted et Leboncoin, espérant toucher les adeptes de ces friperies en ligne. La campagne sera également relayée sur les réseaux sociaux, notamment via des comptes influenceurs, afin de toucher un public jeune.
En effet, déplore le directeur général adjoint d’Emmaüs, l’association créée par l’abbé Pierre en 1949 pour lutter contre l’exclusion et la pauvreté souffre d’un manque de notoriété auprès des jeunes générations. Précisément ceux qui ont été les premiers à se convertir à l’achat et à la vente en ligne de produits d’occasion et ont convaincu leurs parents des vertus financières de ce circuit.