« Nous réfléchissons à un réseau social décentralisé et indépendant permettant de partager des messages écrits en temps réelun porte-parole de Meta a déclaré à plusieurs médias le vendredi 10 mars. Nous pensons qu’il existe un créneau pour un espace spécifique où les créateurs et les personnalités publiques peuvent partager des mises à jour opportunes sur leurs intérêts. » Cette déclaration a suscité la curiosité, car ce nouveau projet de réseau social émane du leader incontesté en la matière, la maison mère des messageries Facebook, Instagram et WhatsApp. Meta semble ainsi vouloir s’inviter sur les terres de Twitter, le service où le format texte est le plus central.
Le scénario d’une offensive de la société de Mark Zuckerberg contre son rival est en outre crédibilisé par la crise sans précédent que traverse Twitter depuis son rachat par Elon Musk en octobre 2022. Sous la houlette du patron de Tesla et de SpaceX, la société a a licencié plus des deux tiers de ses salariés et vu son chiffre d’affaires presque divisé par deux en raison de la fuite des annonceurs, craignant que sa politique de modération relâchée au nom de la liberté d’expression ne laisse proliférer les contenus problématiques. De plus, Twitter a connu une série de bogues techniques.
Le projet de réseau social confirmé mercredi par Meta reste pour l’heure incertain : la déclaration des dirigeants de l’entreprise n’était pas une communication préparée, mais une réponse à un document interne leaké sur les sites d’information Moneycontrol, puis Platformer. Aucune date de lancement n’est donnée, et peu de détails sont connus sur ce projet encore peu avancé.
“Interopérabilité”
Selon Moneycontrol, ce service serait rattaché à l’univers Instagram, dont les identifiants pourraient être utilisés pour s’y connecter. La supervision de son développement a été confiée à Adam Mosseri, le patron du réseau social de photos et vidéos, qui vient de lancer Notes, un format de SMS courts.
Un point crucial est le choix d’une architecture « décentralisée ». Techniquement, ce type de réseau repose sur différents serveurs, opérés par des acteurs indépendants. Connu dans le chaîne de blocs, un système qui utilise le cryptage pour authentifier les transactions numériques, la décentralisation est promue dans les réseaux sociaux par Mastodon, qui a connu un regain de popularité parmi les utilisateurs mécontents de Twitter. Mastodon s’appuie sur le standard ActivityPub, défendu par la communauté open source et des ONG de défense des libertés numériques comme La Quadrature du Net.
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