L’intrus de l’actualité donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Son nom sonne presque comme une version vietnamienne du “Yes we ‘quan'” de Barack Obama. Un rêve pour Ke Huy Quan, ancien boat people vietnamien, qui a remporté la statuette du meilleur second rôle pour Tout partout tout à la fois, le carton de cette cérémonie des Oscars et qui, forcément, a commencé ses remerciements par sa mère âgée de 84 ans, forcément devant sa télévision. Lui jetant, en larmes : Maman, j’ai gagné un Oscar !
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Ke Huy Quan a 51 ans. Il est né à Saigon, aujourd’hui Ho Chi Minh-Ville en 1971 dans une famille de huit personnes. Il avait quatre ans lorsque la ville tomba aux mains de l’armée populaire vietnamienne. Ses parents, d’origine chinoise, ont d’abord été contraints de fuir seuls : le père avec Ke Huy Quan et quatre autres à Hong Kong, tandis que la mère et les trois autres ont fui vers la Malaisie. Un an plus tard, toute la famille a obtenu l’asile politique aux États-Unis. il y a 8 ans. Et cela aussi il l’a rappelé dimanche 12 mars lors de la cérémonie. “Mon voyage a commencé sur un bateaudit Ke Huy Quan. J’ai passé un an dans un camp de réfugiés. Et d’une manière ou d’une autre, je me suis retrouvé ici sur la plus grande scène d’Hollywood. On dit que des histoires comme celle-ci n’arrivent que dans les films. Je ne peux pas croire que cela m’arrive ! C’est le rêve américain !”
Succès au box-office américain dans sa jeunesse
Le rêve américain prend forme grâce à une rencontre improbable, quatre ans plus tard. Deux “gars”, comme il le dit, recherchent désespérément un gamin asiatique pour jouer le rôle d’un pickpocket. Ils viennent faire un casting dans son école de Chinatown à Los Angeles. Les gars en question s’appellent Steven Spielberg et Georges Lucas. Son frère tente sa chance mais le directeur de casting voit Ke Huy Quan qui est juste derrière et lui dit : « mais tu ne veux pas essayer aussi ? À l’époque, lui et sa mère n’avaient aucune idée de qui étaient ces personnes : Indiana JonesStar Warsne sait pas !
Evidemment, ça leur saute aux yeux. Il est rappelé le lendemain. Là, sa mère l’oblige à s’y rendre en costume trois pièces. Il a 12 ans. Steven Spielberg rit, le prend dans ses bras et lui dit : “Tu ne veux pas revenir demain en jean et en T-shirt ?”
CONTREc’est ainsi qu’il se retrouve à donner la réplique à Harrison Ford dans Indiana Jones et le temple maudit. En français, son personnage est « Demi Lune », en anglais « short Round » (qui n’a rien à voir avec ça) et qui signifie « un petit tour ». Trois semaines plus tard, il est dans l’avion pour le Sri Lanka où le tournage va durer cinq mois. Malgré le succès du film, l’enfant star ne sera pas récompensé. Ni pour l’autre succès de sa jeunesse, les goonies de Richard Donner (toujours une production de Spielberg). Nous sommes en 1985, il a 14 ans. Encore un film culte avec 125 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis. Il est Data dans ce gang de quatre ados qui tombent sur une carte ! Une carte au trésor dessinée par le pirate Willy le Borgne.
Une traversée du désert au cinéma
Malgré ce démarrage rapide, il poursuit ses études. Polyglotte, Ke Huy Quan parle cantonais, vietnamien, mandarin, anglais, a étudié le cinéma, en Californie puis à Manchester. Et il s’en sort bien car sa carrière d’acteur se complique. Il trouvera quelques rôles de cascadeurs. Il a appris le taekwondo en faisant même les chorégraphies de combat en l’an 2000, de X Men. Puis il passe derrière la caméra. Pas un seul casting depuis 20 ans n’a dit qu’Hollywood ne donnait plus de rôles aux Asiatiques, jusqu’à ce film (petit film de science-fiction) qui a triomphé aux Oscars. Pour Ke Huy Quan, cet Oscar est en fait le 20e prix depuis sa sortie il y a un an !