L’affaire est maintenant bien établie. Quelques jours après la fin de la saison sur route, une partie de l’élite du cyclisme mondial se retrouve en grande pompe au Palais des Congrès de Paris pour découvrir la carte du prochain Tour de France. Le Slovène Tadej Pogacar (vainqueur des éditions 2020 et 2021), l’Anglais Tom Pidcock (qui s’était imposé au sommet de l’Alpe-d’Huez en 2022), ou encore le Mannois Mark Cavendish (co-détenteur du record de victoires d’étape sur la Grande Boucle avec le “Cannibale” Eddy Merckx), ont donc donné rendez-vous, jeudi 27 octobre, dans le 17e quartier de la capitale, pour écouter Christian Prudhomme, le directeur de l’événement, dévoiler le menu des 21 étapes de ce 110e édition, prévue du 1euh au 23 juillet 2023. Pas d’étape délicate sur le papier – ni pavés, ni bordures attendues… – mais une édition marquée par un passage par les cinq massifs montagneux de France.
Le parcours des trois premiers jours était déjà connu de longue date, à travers les provinces historiques de la communauté autonome du Pays basque espagnol : Biscaye, Alava et Guipuzcoa. Un grand départ donné de Bilbao avec une étape inaugurale dans une boucle de 185 km, riche de 3 300 mètres de dénivelé, et marquée par deux passages à Guernica, ville martyre de la guerre civile, immortalisée par Pablo Picasso.
En janvier, Christian Prudhomme expliquait au micro de France Bleu que les organisateurs avaient tout fait pour que les favoris puissent jouer les premiers rôles dès le début de l’épreuve. “Le premier maillot jaune sera réservé à un crack”, promettait alors le patron de la course. En 1992, lors du dernier départ de la Grande Boucle dans la région, le Navarrais Miguel Indurain s’impose lors du prologue à Saint-Sébastien, avant de remporter, vingt-trois jours plus tard, sur les Champs-Elysées le deuxième des cinq Tours de France de sa carrière.
Le profil de la deuxième étape rappelle aussi un autre “crack”, belge cette fois : Remco Evenepoel, dont la saison 2022 l’aura vu remporter son premier Monument (Liège-Bastogne-Liège), puis le Tour d’Espagne, avant de devenir champion du monde sur route. Le parcours du jour ressemblera à la Clasica San Sebastian, cette course d’un jour dont il a triomphé le 30 juillet. Le Jaizkibel (8 km à 5%), situé à 18 kilomètres de l’arrivée, devrait permettre de créer une belle sélection… lui qui avait donné des sueurs froides à Tadej Pogacar et au Français David Gaudu lors de la classique basque cet été.
Reste que la participation du prodige de Quick-Step à la Grande Boucle est plus qu’incertaine face à la concurrence d’un Giro riche en trois contre-la-montre, un exercice qu’il affectionne. L’édition 2023 du Tour n’en comptera qu’un, 22 kilomètres, lors des 16e étape, entre Passy et Combloux (Haute-Savoie).
Le grand retour du Puy de Dôme
Avec un coup d’envoi en Espagne, le peloton se retrouvera naturellement très vite dans les Pyrénées, où l’attend un passage par le Col du Tourmalet. Un schéma qui rappelle celui de l’année 2020, reporté à septembre en raison de la pandémie de Covid-19 et dont le grand départ avait été donné depuis Nice. Les coureurs avaient goûté aux Alpes, dès le 4e étape, avec une arrivée dans la station d’Orcières-Merlette, qui avait préfiguré le duel Primoz Roglic-Tadej Pogacar : le coureur Jumbo-Visma s’imposant devant son compatriote de l’équipe UAE Emirates.
Après avoir quitté les Pyrénées et le Sud-Ouest, le grand barnum se dirigera vers le Massif Central, là où le 9e L’étape sera sans aucun doute l’événement de cette édition, puisqu’elle marque le retour de l’ascension du puy de Dôme, trente-cinq ans après sa dernière arrivée et la victoire du Danois Johnny Weltz. Depuis 1988, le Tour ne s’y était pas aventuré, notamment en raison de la candidature du site à l’Unesco, puis pour des travaux liés à la construction d’une ligne de chemin de fer à crémaillère. Au départ de Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), la ville où est enterré Raymond Poulidor, la journée sera un hommage au duel mythique entre Jacques Anquetil et “Poupou” en 1964.
Dans les Alpes, le Grand Colombier sera au menu de la fête nationale. C’est la deuxième fois qu’une étape se termine au sommet de ce col qui culmine à 1 500 mètres d’altitude. On ignore encore si le Colombien Egan Bernal, vainqueur du Tour 2019, prendra part à l’aventure l’été prochain, lui qui n’a couru que douze jours cette année en raison de graves blessures subies lors d’une chute à l’entraînement en janvier 2022. Mais certainement , le lieu rappellera quelques souvenirs amers : en 2020, le coureur de l’armada britannique Ineos y était arrivé le regard vide, la tête baissée et hochant la tête, dégoulinant de transpiration, victime d’un terrible échec. Ce jour-là, la passation de pouvoir entre l’ancienne Sky et la Jumbo-Visma avait eu lieu, avec tout de même, en arrière-plan, l’inconnu Pogacar, ce jeune Slovène capable de perturber l’ordre naturel des choses. .
Il y aura un autre retour : celui du Col de la Loze, ce fameux “collier qui n’existait pas”, pour reprendre l’expression de Christian Prudhomme. Une succession de murs, quelques replats, de courts virages suivis de fortes pentes et d’incessantes pauses dans les pentes, là où les montées vers les stations françaises sont habituellement très linéaires, la Loze a été “la” grande nouveauté de l’année 2020. « Ils ont goudronné une route qui servait aux travaux des remontées mécaniques, en suivant juste son tracé. Ce qui donne des passages incroyables à plus de 20% », expliquait à l’époque le directeur de course, Thierry Gouvenou. L’ancien chemin de montagne, qui culmine à 2 304 mètres d’altitude, sera au programme d’un 17e étape qui se terminera à l’altiport de Courchevel.
Un clin d’œil au Tour de France féminin
En effet, si le tracé du prochain Tour privilégie les purs grimpeurs, les sprinteurs auront encore quelques occasions de briller en dehors de la traditionnelle arrivée sur les Champs-Elysées, avec huit étapes de plaine. Le quatrième, aboutissant à Nogaro, traversera le Gers sur les terres de Luis Ocaña. Une journée à la mémoire du coureur du team Bic, dont l’année 2023 marque le cinquantième anniversaire de sa victoire dans la Grande Boucle.
Chaque jour de nouveaux mots croisés, Sudoku et mots trouvés.
Jouer
Avant d’atteindre la capitale, le Tour de France mettra le cap vers l’Est, avec un clin d’œil au Tour de France Féminin et une arrivée au Markstein (20e organiser). L’avant-dernière journée de la version féminine s’est terminée en 2022 dans cette station de montagne du Haut-Rhin, à 1 183 mètres d’altitude. La Néerlandaise Annemiek van Vleuten y avait dynamisé la compétition.
Dimanche 23 juillet, le peloton s’élancera du Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, siège de la Fédération française de cyclisme, où se dérouleront la plupart des épreuves de la discipline aux Jeux olympiques de Paris 2024, avant, enfin, rejoindre les Champs-Elysées.