Quand la fatigue devient un sujet d’étude dans un laboratoire de Saint-Etienne

“Contrat au maximum. » ” Allez! Allez! Allez. “ “Libérer. » En se fiant uniquement aux sons, on pourrait s’imaginer dans une salle d’entraînement où les entraîneurs encouragent les athlètes à se donner à fond. Nous sommes en fait dans un laboratoire d’explorations neuromusculaires, où les entraîneurs sont des scientifiques, et les sportifs, des patients qui participent à des études sur la fatigue.

Faiblesse, manque d’énergie, voire épuisement mal soulagé par le repos et le sommeil, la fatigue est l’un des symptômes les plus fréquents et invalidants des maladies chroniques, mais elle n’est souvent pas prise en compte par les médecins. Ici, dans les locaux flambant neufs de l’Institut régional de médecine et d’ingénierie du sport (Irmis) de Saint-Etienne, elle est explorée sous toutes ses coutures. Cette plateforme de recherche de pointe, où travaillent une quarantaine de personnes (chercheurs, docteurs, ingénieurs, doctorants, post-doctorants, personnels techniques et administratifs, etc.), est l’un des trois pôles, avec Lyon et Chambéry, du Laboratoire interuniversitaire biologie de la motricité (LIBM).

Cancer, sclérose en plaques, suite à un séjour en réanimation, long Covid ou encore vieillissement, les contextes cliniques sont variés. Mais les protocoles en cours ont le même objectif : mieux comprendre les déterminants de la fatigue chronique et ses causes, afin de proposer aux personnes concernées la prise en charge la plus adaptée, centrée sur un entraînement physique personnalisé. Collaboratrice de longue date, l’équipe du LIBM de Saint-Etienne et des médecins spécialistes de l’Hôpital Nord, situé à deux pas, planchent également sur un projet original de consultation spécialisée labellisée “fatigue” au CHU, avec un bilan complet sur deux demi-journées.

Amateur de mouvement

“Notre objectif est d’améliorer la qualité de vie des patients, qui peut être gravement altérée, souligne Guillaume Millet, professeur de physiologie de l’exercice à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne et directeur de cette recherche. La fatigue interfère avec les activités quotidiennes et même le retour au travail. Il a même été démontré qu’il s’agit d’un prédicteur indépendant de la mortalité chez les personnes âgées ou atteintes d’un cancer. »

Un jongleur participant à la 30e Convention européenne de jonglerie (EJC), à Athènes, se repose dans la salle principale, le 4 août 2007.

La fatigue, ce chercheur internationalement reconnu dans le domaine de la physiologie de l’ultra-endurance a commencé à s’y intéresser il y a plus de vingt ans sur son versant aigu, en étudiant les paramètres de performance chez des sportifs pratiquant dans des conditions extrêmes : courses très longues, altitude, etc. Lui-même sportif de haut niveau, compétiteur de longue date en ultra-trail et en ski de fond, le scientifique s’est orienté depuis dix ans vers un autre aspect de la fatigue : sa forme chronique chez les patients. Il supervise désormais un travail parallèle dans les deux populations, chacune nourrissant l’autre. Pour diffuser les connaissances et promouvoir le sport-santé, cet aficionado du mouvement a même créé une chaire universitaire, Activité physique, fatigue et santé (ActiFS), qu’il anime avec une vingtaine d’autres chercheurs stéphanois, juniors et experts.

Il vous reste 78,83% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *