La lassitude et la résignation que l’on sentait poindre chez les opposants à la réforme des retraites ces derniers jours n’ont pas duré longtemps. A peine quelques minutes après le recours à l’article 49.3 de la Constitution par Elisabeth Borne devant les députés, syndicats et étudiants ont affiché leur détermination à poursuivre et amplifier la mobilisation.
Dès le milieu d’après-midi, des manifestants se sont rassemblés en pleine place de la Concorde, à quelques pas de l’Assemblée nationale, à l’appel de Solidaires. Ils sont rapidement rejoints par un cortège étudiant depuis la place de la Sorbonne. D’autres rassemblements ont spontanément eu lieu un peu partout en France, comme à Marseille, Grenoble, Toulouse, Lyon, Lille, Nantes ou encore Bordeaux, marquant, une fois de plus, l’ancrage local de la contestation.
Les dirigeants des huit principales organisations syndicales ont appelé jeudi soir à « rassemblements syndicaux locaux » le week-end des 18 et 19 mars et lors d’une “nouveau grand jour de grèves et de manifestations” Jeudi 23. Alors que les syndicats dits “réformistes” (CFDT, UNSA, CFTC, CFE-CGC) avaient annoncé qu’ils respecteraient la démocratie parlementaire en cas de vote favorable à la réforme à l’Assemblée et au Sénat, voici C’est enfin l’intersyndicale, revigorée, qui entame une nouvelle phase du défi.
“C’est un désaveu pour le gouvernementaffirme à Monde Laurent Berger. Le fait de recourir au 49.3 est une démonstration qu’il n’a pas la majorité au Parlement. » Pour le secrétaire général de la CFDT, “c’est un naufrage à tout point de vue” tandis que l’opinion publique reste massivement opposée au projet. « Le passage forcé avec recours au 49.3 doit trouver une réponse à la mesure de ce mépris du peuple »son homologue CGT, Philippe Martinez, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP).
“Triple défaite pour l’exécutif”
« Le 49.3 constitue une triple défaite pour l’exécutif : populaire, politique et morale, frappe le secrétaire général de l’UNSA, Laurent Escure. Il ouvre une nouvelle étape du défi. » L’utilisation de cet article de la Constitution “c’est une fuite en avant” aux yeux de Simon Duteil, co-délégué général de Solidaires, et que “souligne la colère déjà présente”. Une crainte exprimée par tous les membres de l’intersyndicale. Le 49.3 est “la pire des solutions, celle qui peut nous mener à l’explosion sociale”estime le président de la CFTC, Cyril Chabanier.
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